PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent sans tendance claire en début de séance mardi, la prudence l'emportant face aux incertitudes sur l'évolution de la crise sanitaire et celle de la situation politique aux Etats-Unis.

À Paris, le CAC 40 est pratiquement inchangé à 5.662,72 points vers 09h00 GMT alors qu'à Londres, le FTSE 100 cède 0,06% et qu'à Francfort, le Dax avance de 0,18%.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 0,08%, le FTSEurofirst 300 de 0,16% et le Stoxx 600 de 0,21%.

Tous avaient fini dans le rouge lundi sur des prises de bénéfice jugées logiques après les gains consistants de la première semaine de l'année. Mais les dernières nouvelles de la crise sanitaire d'une part, de la politique américaine d'autre part, suggèrent qu'il est trop tôt pour amorcer un rebond.

La Chine a confiné une ville de plus dans la province du Hebei, où se concentre la résurgence de l'épidémie de coronavirus, et en Europe, la multiplication des foyers d'infection par le variant britannique du virus fait craindre un nouveau renforcement des mesures de confinement.

Cette évolution risque de compromettre la reprise économique attendue cette année, comme l'a reconnu le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, jugeant désormais que la prévision officielle d'un rebond de 6% constitue un "défi".

Parallèlement, le lancement par les démocrates du Congrès américain d'une procédure de procès en destitution ("impeachement") visant Donald Trump fait craindre un début de mandat tendu pour Joe Biden qui pourrait retarder le nouveau plan de relance, moteur de la hausse boursière de la semaine dernière.

"Les investisseurs restent confrontés à cet équilibre pas spontanément stable entre des 'lendemains qui chantent' (...) et une réalité présente compliquée", résume Hervé Goulletquer, stratège de LBPAM.

"D'une part, l'épidémie reste forte et la diffusion du variant dit britannique fait craindre davantage de contagions et d'autre part, la situation politique aux Etats-Unis reste confuse avec un Donald Trump qui, de façon délibérée ou non, s'ingénie à rester sur le devant de la scène", ajoute-t-il.

L'absence d'indicateurs économiques importants sur l'agenda du jour pourrait en outre priver les marchés de catalyseurs en attendant les comptes rendus des réunions de politique monétaire de la Fed, mercredi, et de la Banque centrale européenne (BCE), jeudi.

VALEURS

La plus forte hausse sectorielle du début de séance en Europe est pour le compartiment du tourisme et des loisirs (+0,99%), tiré par Sodexo, qui prend 3,26% grâce au relèvement de la recommandation de J.P. Morgan.

Le secteur de l'énergie (+0,85%) assure lui aussi un soutien important aux grands indices avec la hausse du prix du baril.

Dans l'automobile, Renault gagne 1,09% après avoir dit privilégier la rentabilité cette année après une chute de 21,3% de ses ventes en 2020.

A la baisse, Volkswagen perd plus de 1,5% après les ventes de Porsche (-3% en 2020) et de Skoda (-19,1%).

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, restée fermée lundi, l'indice Nikkei a terminé en hausse de 0,09% et inscrit un nouveau plus haut de clôture de 30 ans, grâce entre autres à la progression des valeurs pharmaceutiques après des informations sur l'efficacité d'un médicament de Chugai Pharmaceutical (+5,91%) dans le traitement du COVID-19.

En Chine, l'heure était au rebond au lendemain de la pire séance boursière depuis trois semaines, malgré les nouvelles mesures de confinement qui touchent plusieurs villes du Hebei: le SSE Composite de Shanghai a gagné 2,18% et le CSI 300 2,85%, au plus haut depuis 13 ans.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les principaux indices américains préfigurent pour l'instant une ouverture en légère hausse.

Lundi, la Bourse de New York a fini dans le rouge, les investisseurs attendant le début de la saison des résultats et jouant la prudence face au regain d'incertitudes politiques et sanitaires aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a cédé 0,29% (89,28 points) à 31.008,69 points, le Standard & Poor's 500 a perdu 25,07 points, soit 0,66%, à 3.799,61 points et le Nasdaq Composite a reculé de 165,54 points (-1,25%) à 13.036,43 points.

TAUX

La perspective d'un creusement des déficits budgétaire et commercial aux Etats-Unis dans les mois à venir continue de favoriser la remontée des rendements des bons du Trésor: celui des titres à dix ans confirme son retour à plus de 1,15%, au plus haut depuis dix mois, et porte à près de 25 points de base sa hausse depuis la fin décembre.

Dans son sillage, le dix ans allemand, référence pour la zone euro, prend encore plus d'un point de base à -0,481%, un pic de deux mois.

CHANGES

L'envolée des rendements soutient le dollar, quasi stable face aux autres grandes devises au lendemain d'une séance de prises de bénéfices après quatre séances de hausse.

L'euro se traite autour de 1,2150 dollar.

PÉTROLE

Le marché pétrolier reste orienté à la hausse grâce aux anticipations d'une nouvelle baisse des stocks de brut aux Etats-Unis, un facteur qui l'emporte pour l'instant sur les craintes pour la demande liées à la situation sanitaire.

Le Brent gagne 0,5% à 55,94 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,59% à 52,56 dollars.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand