par Ian Simpson

Fiat va regrouper ses participations dans l'industrie, notamment la filiale camions Iveco et le fabricant d'engins de construction et agricoles CNH Global NV, dans le but avoué de les introduire en Bourse séparément et de laisser le champ libre à sa division automobile.

L'opération, qui avait été annoncée en avril, intervient sur fond de recul des ventes pour les constructeurs européens avec l'arrivée à expiration des dispositifs de primes à la casse. Août a été particulièrement mauvais pour Fiat qui a vu ses ventes reculer de 24,2% en Europe.

A l'issue du vote des actionnaires, l'administrateur délégué du constructeur, Sergio Marchionne, a déclaré qu'il ne prévoyait pas de rebond de la demande pour l'automobile cette année.

"Jusqu'à la fin de 2010, et probablement au premier trimestre 2011, nous n'observerons pas de reprise de la demande naturelle dans le système", a déclaré le patron de Fiat, qui est crédité du redressement du constructeur.

Dans le cadre de la scission, les actionnaires recevront une action de chaque entité. Fiat est détenu à 30,4% par Exor, la holding de la famille Agnelli.

DEUX DIRIGEANTS POUR FIAT INDUSTRIAL

L'opération, qui doit être bouclée d'ici la fin de l'année, pourrait ouvrir la voie à une fusion entre Fiat et l'américain Chrysler qui est dirigé et détenu à 20% par le constructeur italien. La participation de Fiat doit être portée à 35% une fois les principaux objectifs du plan de restructuration atteints.

Le constructeur américain est une pièce maîtresse de la stratégie de Sergio Marchionne qui s'est fixé pour objectif de produire six millions de véhicules par an, le niveau qu'il juge nécessaire pour devenir un acteur de statut mondial. Il a réaffirmé que Chrysler pourrait être introduit en Bourse en 2011.

La division automobile, Fiat SpA, regroupera les actifs de Fiat dans l'automobile, les pièces détachées et les groupes motopropulseurs. Son chiffre d'affaires devrait doubler d'ici 2014 pour atteindre 64 milliards d'euros.

La division industrielle, que Sergio Marchionne souhaite introduire à la Bourse de Milan à compter du 3 janvier, réunira CNH, Iveco ainsi que des activités dans les secteurs industriel et maritime. Son chiffre d'affaires est attendu à 29 milliards d'euros en 2014.

Cette division aura une double direction en raison notamment de la règlementation aux Etats-Unis où CNH est coté, a précisé Sergio Marchionne.

L'action de Fiat a perdu 2,2% à 10,21 euros alors que l'indice sectoriel européen n'a cédé que 0,45%.

"J'ai du mal à m'enthousiasmer", commente Erick Hauser, analyste à Crédit suisse.

Le groupe fait état désormais d'une dette industrielle nette de cinq milliards d'euros alors qu'elle s'établissait à E3,7 milliards à la fin du deuxième trimestre, souligne l'analyste ajoutant que les déclarations de Sergio Marchionne sur l'évolution des ventes signifient "qu'il faudra encore attendre six mois avant de savoir si les choses vont s'améliorer".

"Et il semble que Fiat industrial va avoir deux directeurs généraux, donc si l'objectif de la scission était de simplifier la structure, ce n'est pas encore le cas", conclut-il.

Avec Stefano Rebaudo, Gwénaelle Barzic pour le service français, édité par Nicolas Delame