par Agnieszka Pikulicka-Wilczewska et Riham Alkousaa

VARSOVIE/BERLIN, 7 janvier (Reuters) - Victoria, une réfugiée ukrainienne, célèbre le Noël orthodoxe en Pologne avec une prière simple: que l'an prochain elle soit rentrée chez elle.

Agée de 40 ans, elle compte parmi les millions d'Ukrainiens qui ont fui l'invasion russe de leur pays et qui célèbrent cette période de l'année avec des sentiments mitigés, partagés entre le soulagement d'être sauf et la tristesse de se retrouver loin de leurs familles.

"La chose importante, c'est que cela reste une fête familiale (...) Nous espérons célébrer le prochain Noël avec nos familles, de retour chez nous", déclare Victoria.

A la lumière des bougies, lors d'une messe de veillée de Noël sous les grands dômes de la cathédrale Sainte-Marie-Madeleine de Varsovie, le prêtre Doroteusz Sawicki a salué les nouveaux arrivants venus commémorer la naissance du Christ.

"Il y a deux ou trois ans, nous pouvions nous demander si quelqu'un frapperait à notre porte, maintenant nous savons que quelqu'un est déjà là", a-t-il dit à Reuters. "Beaucoup de nos frères qui se sont retrouvés en Pologne à cause de la guerre ne peuvent pas regagner leur patrie. Ils prendront part aux célébrations avec nous."

De nombreux Chrétiens orthodoxes fêtent Noël le 7 janvier, mais le soutien de l'Eglise orthodoxe russe à l'invasion russe de l'Ukraine a mis en colère beaucoup de croyants orthodoxes ukrainiens et divisé l'Eglise orthodoxe à travers le monde.

Cette année, certains Ukrainiens ont choisi de célébrer Noël avec les Catholiques le 25 décembre en guise de protestation contre l'agression russe, mais beaucoup ont préférer s'en tenir au calendrier de la tradition orthodoxe.

Des scènes similaires ont été observées à l'Eglise orthodoxe Nathanaël du sud-ouest de Berlin, où les fidèles habituels ont été rejoints par plusieurs dizaines de réfugiés, a déclaré à Reuters le prêtre Oleg Polianko.

"Nous sommes bien sûr tristes à cause de la guerre, mais c'est Noël et c'est une date heureuse. Dieu est notre protecteur et il nous aide", a-t-il ajouté.

Pour Helena, une grand-mère de 60 ans venue de Lviv, il reste toutefois difficile de passer Noël dans la capitale allemande loin de sa famille. L'an dernier à la même époque, avant le début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, elle espérait toujours que la guerre puisse être évitée. (Gilles Guillaume pour la version française)