par David Lawder et Glenn Somerville

Après avoir déçu les marchés le mois dernier avec une simple évocation de partenariats public-privé, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner va tenter de convaincre les investisseurs que son plan relancera le flux du crédit.

La réaction initiale des marchés à ses nouvelles annonces lundi a été favorable: la Bourse de Tokyo a fini en hausse de 3,39%, au plus haut depuis la fin janvier, et le dollar gagne du terrain, tandis que les contrats à terme sur les indices de Wall Street sont en nette hausse.

Dans une tribune publiée lundi par le Wall Street Journal, Timothy Geithner explique que l'État fédéral va consacrer 75 à 100 milliards de dollars au lancement des partenariats public-privé et qu'il puisera les fonds dans son plan de sauvetage du secteur bancaire (Troubled Asset Relief Program, Tarp) de 700 milliards, approuvé en octobre par le Congrès.

Ces fonds publics devront être associés à des capitaux privés avec l'objectif initial de lever au moins 500 milliards de dollars, voire de doubler cette somme, avec le concours de l'autorité de régulation bancaire, la Federal Deposit and Insurance Corp (FDIC) et de la Réserve fédérale (Fed).

Geithner souligne la nécessité de nettoyer le secteur bancaire et de restaurer un fonctionnement normal du crédit.

"Espérer simplement que les banques purgeront ces actifs avec le temps risque de prolonger la crise et de répéter l'expérience japonaise", écrit-il en référence à la crise financière qui avait ébranlé l'Asie dans les années 1990.

Aux termes du plan élaboré par Geithner, en poste depuis moins de deux mois et objet de féroces critiques, notamment en raison de la gestion de l'affaire des primes chez l'assureur AIG, l'État apportera dans un premier temps la majeure partie des fonds, afin de convaincre les investisseurs privés de se joindre à l'initiative.

Beaucoup d'investisseurs sont inquiets de la colère publique et politique dirigée à l'encontre de Wall Street et de la volonté des parlementaires d'interdire les primes et bonus dans les entreprises aidées par l'État fédéral.

BLACKROCK VA PARTICIPER

"De nombreux investisseurs vont adopter une attitude attentiste", prédit Andrew Orchard, analyste à la Royal Bank of Scotland.

Toutefois, Blackrock, un des premiers gestionnaires d'actifs au monde, a déjà exprimé son intérêt pour le plan de Geithner.

"Il est absolument dans notre intention de nous impliquer comme gestionnaire d'actifs dans ce programme", a dit à Reuters Curtis Arledge, directeur exécutif chez Blackrock.

Une première partie du plan prévoit que l'État américain fournisse 50% à 80% du capital nécessaire pour monter un fonds et que la FDIC prête au partenariat jusqu'à six fois le montant de son capital de départ.

Un second volet destiné à vider les bilans bancaires des titres adossés aux crédits immobiliers prévoit que jusqu'à cinq groupes privés puissent investir avec l'assurance que l'État abonderait les fonds apportés à hauteur de 100% et fournirait des prêts représentant la moitié du montant global du fonds.

En instituant une concurrence entre les gestionnaires, a déclaré un membre de l'administration Obama, les pouvoirs publics assureraient la création d'un marché pour ces titres, actuellement illiquides.

Pour contribuer à délester les bilans des banques des crédits hypothécaires à risque, la Réserve fédérale devrait augmenter les financements apportés par le programme Talf (Term Asset-Backed Securities Loan Facility).

Le Talf, dont le montant initial a été fixé à 200 milliards de dollars, pourrait atteindre 1.000 milliards et accepter en collatéral des titres liés à des prêts d'immobilier résidentiel plus anciens ayant bénéficié dans le passé d'une note "triple A", la plus haute possible dans la grille de notation du crédit.

Les titres adossés à des prêts d'immobilier commercial actuellement notés "triple A" pourraient aussi devenir éligibles au Talf.

Selon un responsable de l'administration, l'approbation du Congrès ne sera pas nécessaire pour la mise en place de ce plan et les investisseurs concernés ne devraient pas être soumis à des conditions contraignantes en terme de rémunération des dirigeants.

Timothy Geithner pourrait présenter officiellement ce plan lors d'une intervention devant la presse lundi à 8h45 (12h45 GMT).

Version française Grégory Blachier et Marc Angrand