WASHINGTON/MEXICO (Reuters) - Les Etats-Unis ont exclu lundi Cuba, le Venezuela et le Nicaragua du Sommet des Amériques qui se tient cette semaine à Los Angeles, ce qui a conduit le président mexicain à mettre à exécution sa menace de boycotter l'événement.

La décision d'Andres Manuel Lopez Obrador pourrait être imitée par d'autres dirigeants invités à ce sommet censé initialement réunir les chefs d'Etat et de gouvernement de 35 pays d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud pour débattre entre autres des migrations et des grands dossiers économiques du moment.

L'exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua a été décidée après plusieurs semaines de négociations sur les droits humains et la démocraties dans ces trois pays, a déclaré lundi un haut responsable de l'administration Biden.

Celle-ci souhaitait faire de ce sommet une étape de l'amélioration des relations entre Washington et ses voisins du sud, qui s'étaient détériorées pendant le mandat de son prédécesseur, Donald Trump.

L'exclusion de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua est à replacer dans le contexte politique intérieur aux Etats-Unis, à cinq mois des élections de mi-mandat: le Parti républicain et certains membres du Parti démocrate avaient fait pression sur la Maison blanche pour qu'elle refuse d'accueillir les trois principaux adversaires politiques de gauche de Washington en Amérique latine.

Et l'importante communauté cubaine de Miami, qui avait soutenu les politiques de fermeté de l'administration Trump envers Cuba et le Venezuela, est un enjeu clé pour les élections de novembre.

Andres Manuel Lopez Obrador a déclaré lors d'un point de presse lundi que son ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, participerait au sommet à sa place. Il a ajouté qu'il rencontrerait Joe Biden à Washington le mois prochain, ce qu'a confirmé la Maison blanche.

"Il ne peut pas y avoir de Sommet des Amériques si tous les pays du continent américain n'y participent pas", a déclaré le président mexicain.

La possibilité d'une exclusion du Venezuela et du Nicaragua avait été évoquée à plusieurs reprises ces dernières semaines. Parallèlement, le président cubain, Miguel Diaz-Canel, avait déclaré le mois dernier qu'il ne se rendrait pas aux Etats-Unis même s'il était invité, alors que son pays avait participé aux deux sommets précédents.

Lundi, Cuba a dénoncé une décision "discriminante et inacceptable".

Washington a convié au sommet plusieurs personnalités de la société civile cubaine mais plusieurs d'entre elles ont déclaré sur les réseaux sociaux que les services de sécurité cubains les avaient empêché de partir pour Los Angeles.

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, dont Washington n'a jamais reconnu la réélection en 2018, étant exclu, l'administration Biden envisage d'associer au sommet le chef de file de l'opposition, Juan Guaido, peut-être à distance, a déclaré un responsable américain.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, un ancien guérillero marxiste, a quant à lui été réélu pour un quatrième mandat consécutif en novembre après avoir incarcéré plusieurs de ses rivaux.

(Reportage Matt Spetalnick à Washington et Dave Graham à Mexico, avec Kylie Madry et Lizbeth Diaz à Mexico, Jose Torres à Tapachula et Dave Sherwood à La Havane;, version française Marc Angrand)

par Matt Spetalnick et Dave Graham