RUSE, Bulgarie, 12 octobre (Reuters) - Plusieurs centaines de Bulgares ont défilé en silence vendredi dans une église de la ville de Ruse pour rendre un dernier hommage à Viktoria Marinova, la journaliste de télévision dont le viol et l'assassinat ont choqué le pays et suscité des débats sur la réalité de la liberté de la presse.

Le corps de cette femme de 30 ans avait été découvert le 6 octobre dans un parc, non loin du port de Ruse, sa ville natale au bord du Danube. La police a déterminé qu'elle avait été violée, battue et étranglée.

Un Bulgare de 20 ans, Severin Krassimirov, a été arrêté en Allemagne pour cet assassinat, et les autorités allemandes ont déclaré qu'elles allaient la transférer prochainement en Bulgarie pour qu'il y soit jugé. Ce transfèrement devrait intervenir dans les dix jours.

A en croire les procureurs, rien ne permet de prouver que la mort de Marinova a partie liée avec sa profession de journaliste.

Viktoria Marinova, qui travaillait pour la chaîne de télévision TVN, avait invité pour sa dernière émission deux journalistes enquêtant sur un détournement présumé de fonds européens, et elle avait annoncé que la rédaction de l'émission allait travailler sur ce dossier.

Elle est la troisième journaliste assassinée dans un pays de l'Union européenne en un an, après la Maltaise Daphné Caruana Galizia, tuée en octobre 2017 dans l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture, et du Slovaque Jan Kuciak, tué par balle en février dernier ainsi que sa fiancée.

La Bulgarie est située au 111e rang du classement établi par Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse, ce qui en fait le pays membre de l'UE le plus mal placé. (Angel Krasimirov; Eric Faye pour le service français)