Les prix mondiaux du pétrole semblent raisonnables compte tenu du niveau des stocks, à la grande frustration des producteurs qui souhaiteraient qu'ils soient nettement plus élevés.

Les stocks commerciaux de pétrole brut et de produits raffinés dans les économies avancées de l'OCDE s'élevaient à environ 2 842 millions de barils à la fin du mois de mai, selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Les stocks commerciaux n'étaient que de -35 millions de barils (-1 % ou -0,19 écart-type) en dessous de la moyenne saisonnière des 10 années précédentes (Short-term energy outlook, EIA, 6 juin).

Étant donné que les stocks correspondent presque exactement à la moyenne saisonnière à long terme, il n'est pas surprenant que les prix au comptant et les écarts calendaires soient également proches de la moyenne.

Les prix à terme du Brent à un mois ont terminé le mois de mai à 73 dollars le baril, ce qui se situe dans le 40e centile de tous les jours de négociation depuis le début du siècle, une fois corrigés de l'inflation.

Bien que le prix réel soit un peu bas, il n'est pas manifestement mal évalué et n'est pas sensiblement inférieur au prix médian à long terme de 81 dollars.

Le spread calendaire à six mois de Brents se négociait dans un backwardation de 1,31 $ par baril, dans le 54e percentile pour tous les jours de négociation depuis le début du siècle.

Le spread était légèrement élevé, mais là encore, il n'était pas manifestement mal évalué, ni significativement supérieur à la médiane à long terme d'un backwardation de 98 cents.

Livre des graphiques : Stocks et prix du pétrole dans le monde

Il n'existe pas encore d'estimations complètes des stocks de l'OCDE pour le mois de juin.

Mais depuis la fin du mois de mai, les prix au comptant sont stables, les écarts se sont légèrement réduits et les stocks de pétrole aux États-Unis sont restés stables, ce qui est compatible avec un marché proche de l'équilibre.

À l'avenir, les réductions de production de l'Arabie saoudite et de ses alliés de l'OPEP, ainsi que la diminution du nombre de plates-formes pétrolières et gazières aux États-Unis, sont susceptibles d'épuiser les stocks plus tard en 2023 et en 2024.

En revanche, les exportations élevées de la Russie, du Venezuela et de l'Iran, la hausse des taux d'intérêt et le ralentissement des économies en Amérique du Nord et en Europe, ainsi que la lenteur de la reprise post-pandémique en Chine, joueront en sens inverse.

Malgré toute la rhétorique des partisans et des détracteurs, y compris de certains producteurs et investisseurs, le marché reste dans une situation de verre à moitié plein ou à moitié vide, selon le point de vue que l'on adopte.

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John Kemp est analyste de marché chez Reuters. Les opinions exprimées sont les siennes (Rédaction : Barbara Lewis).