"Quelle place occupe le secteur bancaire dans votre allocation d’actifs ?
La surpondération du secteur bancaire dans notre allocation d’actifs n’est pas récente. Elle date du dernier trimestre 2012. Elle s’explique par plusieurs considérations. Nous avons encore un potentiel de contraction de la prime de risque systémique, notamment dans les pays périphériques de la zone euro, Espagne et Italie. La baisse du risque sera aidée par l’audit des actifs dans les bilans des banques prévu en automne. Cet exercice devrait renforcer la transparence du secteur. Les investisseurs devraient pouvoir mieux identifier les problèmes existants. La confiance sera accentuée.
Les banques qui se situent dans une situation délicate devraient agir assez rapidement de manière à s’ajuster. Nous avons pu le constater la semaine passée avec Unicredit. L’annonce faite par la banque italienne a été bien accueillie par le marché.
Nous devrions continuer à avoir ce type d’opérations dans le secteur.
Les valorisations des banques demeurent accessibles. Certaines banques se traitent à la valeur de leur actif comptables et d’autres en dessous.
Enfin, le secteur bancaire est particulièrement cyclique. Il devrait tirer avantage du redressement de la conjoncture, même légère.

Toutes ces raisons nous amènent à conclure que le secteur bancaire reste à privilégier pour le moment.

Vous tablez donc sur une performance du secteur dans son intégralité cette année ?
Oui. L’Eurostoxx Banques devrait faire mieux que l’Eurostoxx.

Si l’on considère le ratio price to book ou le ratio price to earnings, le secteur bancaire espagnole est mieux valorisé que le secteur bancaire français. Est-ce une anomalie à vos yeux ?
Je ne pense pas que l’on puisse parler d’anomalie.
Il faut faire attention avec le ratio price to earnings car nous sommes dans un creux pour l’évolution bénéficiaire du secteur bancaire. Le creux est beaucoup plus profond pour le secteur bancaire espagnol que pour le secteur bancaire français. Un phénomène de rattrapage joue à plein.
Le secteur bancaire espagnol, comme le secteur bancaire italien a beaucoup été porté par la diminution des taux obligataires. En raison de la crise souveraine, à un moment donné, les seuls acheteurs des obligations espagnoles et italiennes étaient les banques domestiques. Ces dernières ont alors gagné beaucoup d’argent en étant exposées à la dette publique et privée espagnole et italienne.
Ces revenus devraient s’amoindrir. Pour autant, nous observons parallèlement une amélioration de la macroéconomie en Espagne et un relatif rétablissement du secteur immobilier. Un début de stabilisation est affichée dans l’évolution des prix immobiliers. Or c’est un secteur clé qui influe sur la qualité du bilan des banques. Un impact positif devrait se faire sentir sur le stock des créances non performantes.
A cela s’ajoute la réparation des bilans des banques espagnoles. Ainsi le momentum favorable pour le secteur bancaire espagnol devrait demeurer.
Ceci étant, ce secteur bancaire espagnole est assez spécial en ce que les deux plus grandes banques Santander et BBVA ont une large exposition en Amérique latine. Présentement certaines tensions sont palpables dans cette région du monde. Cela devrait quelque peu peser sur la performance du secteur bancaire espagnol.

Appréhendez-vous le déroulement de l’audit et des stress tests ? Certains s’inquiètent de voir un taux de couverture pour les créances non performantes plus élevé que ce qui est pratiqué par la plupart des banques de la zone euro ?
Il faut que les stress tests soient suffisamment sévères pour renforcer la confiance des investisseurs. Nous aurons encore des augmentations de capital qui s’imposeront. Pour autant, lorsque l’on tient compte du travail effectué par les banques ces six derniers mois, on en déduit que probablement le montant de recapitalisation additionnel nécessaire, sera moins élevée que les montants cités il y a quelques mois.

Des défauts sont anticipés ?
Si les stress tests sont réalisés de manière sérieuse, il est inévitable qu’il y ait des cadavres trouvés dans le placard. Ils ne seront pas de nature à mettre en cause le trend haussier sur le secteur et augmenterons peut-être la confiance que les stress tests sont bien faits. Ceci est positive pour les banques qui passent ce test sans problèmes

Qu’en est-il de votre préférence géographique ?

A court terme, nous avons une préférence pour le secteur bancaire italien au secteur bancaire espagnol du fait de la bonne mise en œuvre des réformes structurelles.

Que pensez-vous du secteur bancaire français ?
Ce secteur est un peu entre deux eaux. D’un coté nous avons des établissements qui se comportement boursier similairement à des banques de pays périphériques, autrement dit des banque à risque mais dont le potentiel de rebond est important à supposer que plusieurs conditions soient remplies. De l’autre coté des établissements sont jugés comme étant plus sécurisés, offre un potentiel de revalorisation restreint mais affichent une relative résistance dans les phases baissière du marché.
Pour autant, nous sommes d’avis que globalement le vent est en train de tourner en faveur du marché français. Cela pourrait aider le secteur bancaire français, notamment par rapport au secteur bancaire allemand.

Pourquoi pensez-vous que le vent est en train de tourner en faveur du marché français ?
Nous avons l’impression qu’il y a un bon début de réflexion sur les réformes structurelles à mettre en place.
En 2013, le principal moteur de la hausse des marchés espagnol et italien, a été la diminution de l’écart de taux entre le taux à dix ans espagnol et italien d’une part et le taux à dix ans allemand.
En 2014, nous notons que ce n’est plus tant cet écart de taux qui guide les investisseurs mais l’espoir d’un changement structurel en plus de la crise en Ukraine et dans les pays émergents. C’est ce qui explique la surperformance du marché italien vis-à-vis du marché espagnol et du marché français vis-à-vis du marché allemand.

Croyez-vous que ce vent favorable perdurera tout au long de l’année ?
Difficile de le dire. Je suis plus confiant sur l’Italie que sur la France.

Y a-t-il donc du sens à être positionné sur le secteur bancaire français ?
Oui.

Quels sont les principaux risques que vous voyez pour le secteur ?
Des déceptions dans la macroéconomie et dans l’implémentation des réformes.
Il y aussi le risque de déflation. Nous sommes préoccupés par le faible niveau d’inflation. Nous tablons en cela sur une intervention de la BCE pour contrer ce risque.
L’ampleur du risque géopolitique est difficile à apprécier.
"