(Actualisé résultats affinés, déclarations)

par Jan Lopatka

PRAGUE, 26 janvier (Reuters) - Le social-démocrate Milos Zeman, ancien Premier ministre, a été largement élu samedi à la présidence de la République tchèque, où il succédera à l'eurosceptique Vaclav Klaus.

Après dépouillement dans la quasi-totalité des circonscriptions électorales, l'ex-chef de gouvernement, âgé de 68 ans, est crédité de 54,8% des suffrages exprimés lors du second tour, étalé sur deux jours, vendredi et samedi.

Il relègue à près de dix points son adversaire conservateur Karel Schwarzenberg, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères issu d'une des plus grandes familles de l'aristocratie d'Europe centrale (45,2%).

"Je veux être le président des 10 millions d'habitants de base, ce qui inclut les électeurs de Milos Zeman comme ceux de Karel Schwarzenberg, je ne veux pas être le président des mafias qui agissent comme des parasites dans notre société", a-t-il dit à l'annonce de sa victoire.

Economiste de formation, membre du Parti communiste avant l'invasion soviétique de 1968 en Tchécoslovaquie, Milos Zeman remporte la première élection présidentielle au suffrage universel direct du pays - les présidents étaient jusque-là élus par les parlementaires.

Empêché par la Constitution de briguer un troisième quinquennat, Vaclav Klaus, un temps surnommé le "Margaret Thatcher de l'Europe de l'Est" par ses partenaires européens, quittera ses fonctions en mars.

La fonction présidentielle ne détient pas l'essentiel des pouvoirs au jour le jour, qui sont dévolus au Premier ministre et à son gouvernement. Mais le président tchèque représente son pays à l'étranger, nomme le Premier ministre, les membres du conseil des gouverneurs de la banque centrale et de la cour constitutionnelle.

SCHWARZENBERG DÉNONCE UNE CAMPAGNE DE DÉNIGREMENT

Milos Zeman devrait impulser un rapprochement avec les partenaires européens de Prague.

Arrivé en tête au premier tour avec un peu moins de 25% des voix, dénonçant la politique d'austérité du gouvernement de centre droit de Petr Necas, il a attiré sur son nom l'électorat pauvre et rural.

Karel Schwarzenberg a été associé lui aux augmentations des impôts et aux réductions des prestations sociales mises en oeuvre par le gouvernement Necas, également entaché par une série de scandales de corruption.

Concédant sa défaite, il a félicité son adversaire mais a également déploré le déroulement de la campagne, disant avoir été la cible de mensonges. "L'écart de dix points est le produit de ce type de campagne, il est impossible de se défendre contre le dénigrement", a-t-il dit.

Dans les derniers jours de la campagne, Milos Zeman a notamment accusé Karel Schwarzenberg, qui a vécu en exil en Autriche sous le régime communiste (1948-1989), de soutenir la cause des quelque trois millions d'Allemands des Sudètes, expulsés après la Deuxième Guerre mondiale.

Son adversaire a souligné que pareille expulsion, aujourd'hui, équivaudrait à un crime de guerre mais a nié être prêt à envisager l'examen de demandes de restitution de biens saisis à cette époque.

Premier ministre de 1998 à 2002, Milos Zeman est considéré comme l'artisan de la privatisation des principales banques tchèques. Son passage à la tête du gouvernement correspondant également à une période d'amélioration des investissements étrangers dans l'ex-république communiste.

Ses adversaires lui reprochent son amitié avec d'anciens responsables communistes et des hommes affaires liés à la Russie.

Il était soutenu par Vaclav Klaus, qui a expliqué vouloir un président ayant vécu toute sa vie sur le sol tchèque. (Henri-Pierre André pour le service français)