(Actualisé avec demande de nouveau décompte)

SAN SALVADOR, 10 mars (Reuters) - L'ex-guérillero marxiste Salvador Sanchez Ceren dispose d'une avance irréversible et sera proclamé vainqueur de l'élection présidentielle au Salvador, a annoncé lundi le président du Tribunal électoral suprême, tandis que le candidat déclaré battu demandait un nouveau décompte.

"Nous avons mis notre équipe technique au travail toute la nuit, c'est pourquoi je peux vous dire avec certitude que le résultat de cette élection est irréversible", a déclaré à la presse le président du tribunal, Eugenio Chicas.

Les résultats définitifs seront proclamés dans trois ou quatre jours, a-t-il ajouté.

A l'issue du second tour qui a eu lieu dimanche, un écart infime sépare les deux candidats. Les résultats préliminaires créditent Salvador Sanchez Ceren, vice-président sortant et ancien commandant de la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), de 50,11% des voix.

Norman Quijano, candidat de l'Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite) et ancien maire de San Salvador, a quant à lui obtenu 49,89% des suffrages, ce qui représente un retard de seulement 6.634 voix sur son rival.

Dans un tweet lundi, Norman Quijano déclare qu'il veut un nouveau décompte "suffrage par suffrage". Il estime le scrutin entaché d'irrégularités et s'est lui aussi proclamé vainqueur.

"Le comportement du Tribunal électoral suprême n'a jamais été net (...)", déclare le Norman Quijano dans un Tweet.

RESPONSABILITÉS

Il demande au procureur général du Salvador de conserver la totalité du matériel électoral et demande aux observateurs internationaux de rester encore sur place pendant quelques jours.

Salvador Sanchez Ceren, qui avait obtenu 49% au premier tour, le 2 février, a annoncé sa victoire très tard dimanche soir à ses partisans.

"Nous avons remporté le premier tour, nous l'avons emporté à nouveau au terme du second tour. Nous devons poursuivre la lutte contre la pauvreté (...) Le peuple a choisi de poursuivre sur la voie du changement", s'est-il félicité.

Norman Quijano a quant à lui accusé la commission électorale de corruption. "Nous ne tolérerons pas la fraude. Nous sommes convaincus à 100% de notre victoire", a-t-il dit aux siens.

Norman Quijano a axé sa campagne d'entre-deux-tours sur les responsabilités de Salvador Sanchez Ceren au sein du FMLN lors de la guerre civile de 1980-1992, qui a fait 75.000 morts.

Le FMLN, qui s'est mué en parti politique à la fin du conflit, n'a pu décrocher la présidence tant qu'il a été représenté par d'anciens guérilleros. Il a dû attendre 2009 et la candidature du journaliste Mauricio Funes.

Âgé de 69 ans, Salvador Sanchez Ceren, que la droite accuse de suivre l'exemple du gouvernement socialiste du Venezuela, s'est engagé à poursuivre les politiques sociales du président sortant en matière de gratuité des fournitures scolaires et de retraites.

Vingt-neuf pour cent des 6,2 millions de Salvadoriens vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 40% avant l'arrivée au pouvoir du FMLN, selon les chiffres du gouvernement. (Nelson Renteria et Michael O'Boyle; Julien Dury, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)