par Dave Graham

L'indice allemand des prix à la consommation a vu sa hausse en rythme annuel ramenée à 0,9% sur le mois qui s'achève, contre 1,1% en décembre, revenant au plus bas depuis février 2004, selon les estimations officielles publiées mercredi.

D'un mois sur l'autre, les prix ont reculé de 0,5%.

Les chiffres provisoires publiés mercredi par l'institut fédéral de la statistique montrent un ralentissement de l'inflation pour le sixième mois consécutif. La tendance devrait être la même dans la zone euro ce qui, pour certains observateurs, souligne la réalité des risques déflationnistes.

Mais des économistes jugent que cette évolution ne conduira pas forcément la Banque centrale européenne (BCE) à décider de nouvelles baisses marquées de ses taux d'intérêt.

Une enquête menée la semaine dernière par Reuters a montré que le marché anticipait une inflation revenue à 1,4% dans la zone euro en janvier, contre 1,6% en décembre. Eurostat doit publier une première estimation vendredi.

Pour Alexander Koch, économiste d'UniCredit, les statistiques traduisent pour l'instant "une désinflation saine", à même de favoriser le pouvoir d'achat des consommateurs. Mais il ajoute que "le scénario d'une déflation préoccupante reste valide".

L'enquête sur le moral des ménages allemands publiée mercredi par le cabinet d'études GfK montre que la baisse de l'inflation encourage les consommateurs à ouvrir leur porte-monnaie.

Aux normes européennes IPCH, les prix allemands ont baissé de 0,6% d'un mois sur l'autre, ramenant l'inflation en rythme annuel de 1,1% à 0,9%.

Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne, pour l'indice allemand sur une baisse de 0,3% par rapport à décembre et une hausse de 1,1% sur un an.

REMONTÉE PROBABLE EN FIN D'ANNÉE

Le président de la Bundesbank, Axel Weber, a déclaré en début de semaine, que des taux d'inflation négatifs étaient probables dans les prochains mois.

Pour Nick Kounis, économiste de Fortis Bank, l'inflation des Seize va rester pour l'instant inférieure au seuil de 2% sous lequel la BCE entend la contenir.

"L'inflation devrait continuer de chuter au cours des mois à venir et elle va probablement s'installer confortablement sous l'objectif de stabilité des prix de la BCE à moyen terme, ce qui incite à conclure que la banque centrale peut encore baisser les taux", explique-t-il.

La Banque d'Espagne a déclaré mercredi s'attendre à ce que l'inflation de la zone euro soit proche de zéro mi-2009, avant de remonter en fin d'année.

Mais comme le souligne Heinrich Bayer, économiste à Postbank, "en ce moment, tout le monde ne parle que de déflation", ce qui pourrait conduire la BCE à adopter une attitude prudente après une baisse des taux probable en mars.

Il ajoute qu'"avec le montant des liquidités injectées dans le système, il y a un risque d'une remontée de l'inflation plus tard dans l'année. L'inflation de la zone euro pourrait accélérer et atteindre 2,0% à l'automne donc la BCE pourrait décider d'attendre pour les taux".

"Plus elle les baisse maintenant, plus vite elle devra les remonter ensuite", souligne-t-il.

Avec Brian Rohan, version française Gwénaelle Barzic et Marc Angrand