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BRUXELLES, 7 septembre (Reuters) - Michel Barnier, qui dirige l'équipe de négociation de l'Union européenne pour le Brexit, a déclaré jeudi être inquiet de la position de Londres sur sa future frontière avec l'Irlande.

Dans un document rendu public mi-août, le gouvernement britannique dit souhaiter qu'il n'y ait aucun poste-frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, permettant une libre circulation des marchandises.

Dans une réponse publiée jeudi, Bruxelles invite Londres à prendre ses responsabilités dans ce dossier pour trouver une solution unique, qui demandera de la souplesse de la part des deux camps.

"Ce que j'ai lu dans le document de Londres sur l'Irlande et l'Irlande du Nord m'inquiète", a dit Michel Barnier en conférence de presse.

"Le Royaume-Uni veut que l'UE suspende l'application de ses lois, son union douanière et son marché unique pour ce qui sera une nouvelle frontière extérieure, et le Royaume-Uni veut utiliser l'Irlande comme une sorte de test pour sa future relation avec l'UE. Cela n'arrivera pas", a-t-il poursuivi.

L'UE craint également que Londres utilise la frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord pour contourner les droits de douane qui pourraient être imposés aux produits britanniques après le Brexit.

Cette question est l'une des plus complexes des négociations qui se sont ouvertes sur le Brexit car le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, risquerait de fragiliser l'accord de paix ayant mis fin en 1998 à des décennies de violences meurtrières dans la région entre protestants favorables à la tutelle britannique et catholiques nationalistes irlandais.

Environ 30.000 personnes franchissent chaque jour sans le moindre contrôle les 500 kilomètres de frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.

Le rapport de la task force européenne sur le Brexit indique également que la possibilité d'instaurer une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord doit être évitée pour garantir la paix sur l'île.

Le Royaume-Uni a profité de ces commentaires pour montrer que les objectifs des deux parties étaient "étroitement alignées". "L'engagement qui est pris d'éviter l'instauration d'une frontière physique est en particulier une avancée très importante", a souligné un porte-parole du gouvernement de Theresa May.

Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a quant à lui réitéré son souhait d'éviter la mise en place d'une frontière physique entre les deux pays, ajoutant que le Royaume-Uni devait rester dans l'union douanière, ou dans une structure similaire, le temps d'une période de transition après le Brexit. (Francesco Guarascio, Alastair Macdonald et Lily Cusack; Arthur Connan pour le service français)