* Hassan Rohani n'a pas tenu ses promesses-rapport

* Appel à la libération des prisonniers politiques

* Forte hausse des exécutions

GENEVE, 11 mars (Reuters) - Le nouveau président iranien Hassan Rohani n'a pas tenu sa promesse de campagne de donner plus de liberté à ses compatriotes tandis que les exécutions sont en forte hausse, a déclaré mardi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

Présenté comme un modéré lors de son élection en juin dernier, Hassan Rohani a certes conclu un accord préliminaire sur le programme nucléaire de Téhéran avec les grandes puissances, mais, peut-être soucieux de ne pas se mettre à dos les "durs" de la République islamique, il n'a pas procédé aux réformes importantes que ses électeurs espéraient.

Dans un rapport remis au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Ban Ki-moon rappelle l'usage très répandu de la peine de mort en Iran, principalement dans le cadre d'affaires liées à la drogue, mais aussi pour des motifs politiques, et appelle à la libération des prisonniers politiques.

"Le nouveau gouvernement n'a pas apporté d'amélioration significative dans la promotion et la protection de la liberté d'expression et d'opinion, malgré les promesse faites par le président lors de sa campagne (électorale) et après son investiture", déclare Ban Ki-moon en soulignant que la liberté de la presse laisse particulièrement à désirer en Iran.

Les Iraniens qui expriment leur désaccord avec la ligne officielle risquent toujours d'être arrêtés et poursuivis, ajoute le secrétaire général.

Il salue toutefois la libération de 80 prisonniers politiques depuis le mois de septembre, et notamment de l'avocate Nasrin Sotoudeh, spécialisée dans les droits de l'homme, mais souligne que Mehdi Karoubi et Mirhossein Moussavi, candidats à la présidentielle de 2009, sont toujours assignés à résidence depuis 2011 sans avoir jamais été inculpés.

"LIBÉRATION IMMÉDIATE"

Il demande leur "libération immédiate" ainsi que celle des militants des droits de l'homme et avocats Abdol Fattah Soltani, Mohammad Ali Dadkhah et Mohammad Seifzadeh, "détenus seulement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion".

En décembre 2013, 35 journalistes étaient emprisonnés en Iran. Ce même mois, 16 internautes ont été arrêtés. Ils sont accusés d'avoir fourni des contenus internet à des éléments étrangers, lit-on dans le rapport de Ban Ki-moon.

Or, certains d'entre eux, soulignent le rapport, n'étaient que les animateurs "de pages culturelles et sociales populaires" sur Facebook.

En ce qui concerne la peine capitale, entre 500 et 625 personnes ont été exécutées l'an dernier, dont 57 en public. Durant les 15 premiers jours de janvier, plus de 40 personnes ont été exécutées.

"Le nouveau gouvernement n'a pas changé de position concernant l'application de la peine de mort et semble avoir suivi les pratiques des gouvernements précédents, qui s'appuyaient lourdement sur la peine de mort pour lutter contre le crime", souligne Ban Ki-moon.

Téhéran n'a autorisé aucun enquêteur des Nations unies pour les droits de homme à se rendre en Iran depuis 2005 malgré des demandes répétées, souligne le secrétaire général.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur l'Iran, Ahmed Shaheed, doit publier son propre rapport dans les jours qui viennent. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)