Jeudi 30
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro Réagissant au fort rebond du pétrole, aux anticipations de redémarrage de l'activité économique, à la poursuite des politiques monétaires ultra-accommodantes et aux espoirs d'un remède contre le Covid-19, les places financières ont effectué une très bonne semaine, avec un enchainement de plusieurs séances de forte hausse. Malgré une macroéconomie morose, les opérateurs ont retrouvé l'appétit pour les actifs risqués malgré quelques dégagements ce jeudi.
Indices

Sur la semaine écoulée, l'optimisme est resté de mise et les grands indices ont tous repris de la hauteur. En Asie, le Nikkei a engrangé 4.8%, le Hang Seng 3%.

En Europe, le CAC40 réalise un gain hebdomadaire de 4.2%, tiré par les valeurs cycliques. Le Dax s'adjuge 5.4% et le Footsie 3%. Les pays périphériques de la zone euro ne sont pas en reste, à l'image des 4.9% récupérés par l'Espagne. Le Portugal s'adjuge 4.2% et l'Italie 5.3%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones progresse de 2.6% depuis le début de semaine, le S&P500 grimpe de 2.8% et le Nasdaq100 de 2.2%.



Les cycliques contre-attaquent sur 5 séances

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Source bien AlphaValue / Univers de couverture Europe
Matières premières

Les cours pétroliers, déprimés depuis de nombreuses semaines, ont rebondi de manière tonique cette semaine. Le marché salue des données de marché moins mauvaises qu'attendu, avec notamment une augmentation des stocks US, moins d'inquiétudes que prévu ainsi que les prémices d'une baisse importante de la production américaine. Le WTI revient ainsi au contact des 17 USD le baril tandis que la référence européenne, le Brent, gagne du terrain à 23.5 USD.

L'appétit des investisseurs pour les actifs risqués ne pénalise pas les cours de l'once d'or. Le métal doré garde un cap haussier et se négocie proche de son sommet annuel à 1715 USD. L'argent fait du surplace à 15.3 USD.

Du côté des métaux de base, ces derniers évoluent en ordre dispersé. Le cuivre et le zinc progressent à respectivement 5184 USD et 1930 USD, l'étain et le plomb font du surplace et l'aluminium recule à 1464 USD la tonne métrique.
Marchés actions

Vous reprendrez bien de la Tech ?

Nous reconnaissons qu'il est parfois agaçant de constater la place occupée par les stars américaines de l'Internet dans les commentaires boursiers. Mais il faut bien reconnaître que quand l'économie et les marchés vacillent, elles sont devenues des branches auxquels se raccrochent les investisseurs. La crise du Covid-19 ne fait que confirmer ce statut, alors que certaines de ces entreprises sont à peine sorties de l'adolescence : songez que Facebook a été fondé en 2004 et n'a été ouvert au public qu'en 2006.

Les résultats trimestriels de Microsoft, Amazon, Alphabet et Facebook ne sont évidemment pas immunisés contre le coronavirus, mais ils ont tous surpris par leur vigueur. Surtout, les investisseurs font presque un chèque en blanc à ces entreprises pour leur capacité à s'adapter à n'importe quel environnement. En participant à l'amélioration du moral des troupes, elles sont loin d'être étrangères à l'étonnante résistance des indices malgré l'accumulation d'indicateurs macroéconomiques négatifs.

Chez Zonebourse nous avons toujours un faible pour la "force tranquille" de Microsoft, qui, du haut de ses 45 ans, est encore capable de rivaliser avec les petits jeunes.

Comparaison des Gafam par rapport au S&P500

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Marché obligataire

L'arrivée à grands pas du déconfinement semble avoir rassuré le marché obligataire en Europe, où les taux s'affichent en légère baisse. En France, l'OAT qui avait fini la semaine dernière à -0.027%, oscille désormais autour de -0.060%. En Allemagne, le Bund a, lui, perdu 4.7 points de base (à -0.521%) par rapport à la clôture de vendredi dernier. Le BTP italien a également profité de ce mouvement pour abandonner 9.2 points de base à 1.798%.

Outre-Atlantique, la chute de 4.8% du PIB américain semble avoir été compensée par les promesses d'une Fed qui soutiendra l'économie jusqu'au retour du plein emploi. La hausse du 10 ans américain se limite donc à 0.6 point de base, à 0.611%.

Un peu plus au sud, le marché obligataire brésilien ne connaît pas la même stabilité. Les accusations d'ingérence dans les affaires judiciaires visant Jair Bolsonaro ont réveillé l'inquiétude des investisseurs en début de semaine. Le 10 ans brésilien était ainsi passé de 7.272% vendredi dernier à 8.509% lundi à l'ouverture. Il termine néanmoins la semaine à 7.458%.
Marché des changes

Au terme d'une semaine rythmée par les réunions de la Fed et de la BCE, l'euro reprend des couleurs face au dollar. La monnaie unique s'est effectivement appréciée face à un dollar américain affaiblit par un environnement plus favorable au risque. L'euro profite aussi de la politique accommodante de la BCE, qui accepte désormais comme garanties bancaires les obligations dites spéculatives. La paire EUR/USD se traite ainsi aux environs de 1.09 USD.

Le franc suisse perd ainsi du terrain sur cette séquence hebdomadaire, le couple EUR/CHF gagnant 400 points de base à 1.056 CHF. De son côté, le yen reste vigoureux face à l'euro et face au dollar puisque les paires EUR/JPY et USD/PJY se négocient en baisse à respectivement 115.8 JPY et 106.5 JPY.
Statistiques économiques

Malgré la progression des indices, la macroéconomie est loin d'avoir rassuré cette semaine, confirmant l'impact économique marqué de la pandémie sur l'activité.
En Allemagne, les prix à l'importation reculent de 3.5%, les ventes au détail de 5.6%. En France, le PIB a reculé de 5.8% au premier trimestre. Pour la zone euro, le PIB recule de 3.8% tandis que le taux de chômage tombe à 7.4% (7.7% précédemment).

Aux Etats-Unis, le constat est globalement similaire. L'indice manufacturier de Richmond chute à -53, celui du Conference Board recule à 86.9. Le PIB américain recule de 4.8% au premier trimestre (voir graphique), les promesses de ventes de logements dégringolent de 20.8%. Quant aux dépenses et revenus des ménages, les chutes sont respectivement de 7.5% et 2%.

Les opérateurs prendront connaissance demain de l'ISM manufacturier et des dépenses de construction. Le semaine prochaine sera rythmée par l'ISM services, les commandes industrielles, et toutes les données concernant l'emploi, avec l'enquête ADP mercredi et le rapport mensuel en fin de semaine prochaine.
En Europe, il y a aura également les indices PMI manufacturiers et services.

Evolution du PIB américain

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Source Forexfactory
Les indices se déconfinent plus vite que les entreprises

Nous l'avions déjà évoqué dans cette rubrique, les marchés sont entrés dans une nouvelle ère, celle des paradoxes. Cette semaine haute en couleur confirme les nouvelles règles qui domptent les choix des investisseurs.

Observés de loin ou à la loupe, les marchés semblent bien avoir abandonné toute forme de rationalité. Le choc pétrolier, les indicateurs économiques mondiaux en berne, l'absence de visibilité des sociétés : rien ne semble pouvoir entacher le moral des investisseurs. « Bad news is good news », telle est la devise de ce nouveau temps qui prohibe toute forme de pessimisme en invitant chaque opérateur à tourner la page du Covid-19 pour mieux se consacrer à la reprise économique qui se profile en fin d'année.

Plus concrètement, les indices américains ont retracé près de 60% de leur baisse du mois de mars, bien en avance sur les 50% de retracement du Stoxx Europe 600. Les marchés réduisent ainsi leurs pertes de 2020 et veulent croire que le Covid-19 ne sera qu'une (modeste) parenthèse de l'histoire.