Les indices boursiers avaient bien démarré la semaine mais l'ont mal finie. L'inflation toujours extrêmement élevée aux Etats-Unis et la tension qui ne cesse de croître à la frontière ukrainienne ont gommé le rebond sur les séances de jeudi et de vendredi, en particulier outre-Atlantique où les trois grands indices ont perdu du terrain, en particulier le Nasdaq qui a perdu 3% sur la semaine, malgré de bonnes publications de sociétés. La volatilité reste au rendez-vous, signe d'une certaine nervosité des intervenants qui redoutent que la Fed ne soit contrainte de relever ses taux plus rapidement et plus brutalement que prévu. Le bras de fer entre les occidentaux et la Russie au sujet de l'Ukraine inquiète aussi. Les prochaines publications macroéconomiques de part et d'autre de l'Atlantique pourraient apporter quelques précisions sur la trajectoire des banques centrales.

Variations hebdomadaires*
STOXX EUROPE 600
469.57  +1.61%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4418.64  -1.82%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
27079.59  -1.31%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1853.97$  +2.43%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
95.45  +2.77%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.13$  -0.92%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
Tops / Flops de la semaine
Peloton Interactive (+41%) : le groupe américain spécialisé dans les vélos d'appartement connectés passe d'un extrême à l'autre en ce moment. Amazon et Nike réfléchiraient à racheter l'entreprise en difficulté, selon les rumeurs qui ont émergé en début de semaine. La démission du PDG a renforcé la spéculation.

Adyen (+12%) : le groupe néerlandais a surpris positivement les investisseurs en publiant des résultats plus élevés que prévu en fin d'année, avec une forte dynamique qui a rassuré les plus sceptiques quant à la capacité d'Adyen à maintenir une croissance élevée.

Hapag-Lloyd (+11,5%) : après un début d'année compliqué, le spécialiste allemand du fret maritime a retrouvé des couleurs cette semaine. Le PDG a indiqué que les prix du secteur vont baisser à partir du second trimestre, mais qu'ils ne redescendront pas aux niveaux d'avant-pandémie avant un moment.

Carnival (+11%) : le secteur du tourisme profite des perspectives de réouverture avec la disparition des restrictions sanitaires. Le leader mondial des croisières relève la tête, comme son concurrent Royal Caribbean.

Mercedes (+9%) : le constructeur a publié des résultats supérieurs aux prévisions. Son directeur pense que les soucis de chaîne d'approvisionnement vont s'atténuer.

Safran (+8%) : le motoriste aéronautique a bénéficié d'un courant acheteur sur toutes les valeurs liées à la reprise des échanges internationaux, sur fond de recul des craintes concernant le coronavirus. L'action a aussi profité d'un effet de levier additionnel après la finalisation du contrat de vente de jets de combat Rafale à l'Indonésie.

Delivery Hero (-37%) : alors que l'action était déjà chahutée en bourse, la publication de performances décevantes au 4e trimestre a encore fait décrocher le titre cette semaine. Pour ne rien arranger, les prévisions sont trop courtes pour justifier la valorisation généreuse de la société : les résultats resteront largement ancrés dans le rouge cette année

MIPS (-16%) : l'entreprise suédoise connue pour la technologie unique qui équipe les casques de vélo et de moto a nettement amélioré ses résultats 2021, mais pas autant que ne le prévoyait le marché. Le management a cité les pénuries et les restrictions énergétiques en Chine pour l'expliquer.

ABN Amro (-12%) : la banque néerlandaise a publié des résultats globalement conformes aux attentes, mais ses objectifs 2022 ont déçu. Les analystes ont aussi perçu quelques hésitations des dirigeants par rapport aux conséquences de l'évolution des taux.

Seagen (-9%) : le laboratoire qui officie dans les anticorps monoclonaux subit des dégagements après des résultats trimestriels trop faibles. Les prévisions 2022 sont assez nettement inférieures à ce qui était prévu par les analystes.

Hermès International (-8%) : le groupe de luxe français a subi des dégagements appuyés cette semaine, à cause d'une valorisation très généreuse. ''habitude, son statut d'acteur de l'ultraluxe le préserve des remous trop marqués des marchés.
Matières premières
Les prix pétroliers se sont stabilisés sur les cinq dernières séances. Les tensions restent palpables en Ukraine et la baisse surprise des stocks américains, qui ont reculé une nouvelle fois en deux semaines, continue de soutenir les prix pétroliers. En revanche, les acheteurs doivent désormais composer avec la relance des négociations autour du nucléaire iranien, où Washington semble prêt à faire des concessions afin d'aboutir à un accord avec Téhéran. L'éventuel retour du pétrole iranien serait synonyme d'une offre embellie de près de 2 millions de barils par jour, ce qui représente une véritable bouffée d'oxygène dans un marché tendu du fait de la dynamique de la demande de brut. La référence européenne, le Brent de la mer du nord, se négocie autour de 92 USD, contre 90.2 USD pour le baril de WTI.

La relique barbare a gagné un peu de terrain cette semaine, mais recule nettement depuis la publication des chiffres élevés de l'inflation aux Etats-Unis. Le mécanisme est simple, la hausse des prix à la consommation doit pousser la Réserve Fédérale à agir rapidement sur ses taux directeurs, ce qui impacte la courbe des taux avec un rendement du T-Bond dépassant désormais la barre des 2%. Les rendements réels ont également augmenté, ce qui pénalise l'or, qui, par définition, ne délivre aucun rendement. Au niveau des prix, il vous faudra débourser 1825 USD pour acheter une once d'or, contre 22.90 USD pour l'équivalent en argent. L'atmosphère est nettement plus respirable du côté des métaux industriels, qui poursuivent leur marche en avant, notamment grâce aux bonnes statistiques économiques chinoises. La croissance des crédits s'est accélérée dans le pays en janvier. Le cuivre se traite ainsi au-dessus des 10.000 USD la tonne métrique, le nickel progresse à 24.050 USD, l'étain avance plein pot à 44.445 USD, tout comme l'aluminium à 3300 USD.

Concernant les matières premières agricoles, le cours du soja poursuit son ascension à Chicago, soutenu par les prévisions plus pessimistes de l'USDA, qui a révisé une nouvelle fois à la baisse ses estimations de stocks mondiaux en raison des mauvaises conditions climatiques en Amérique du Sud. Le maïs a également gagné du terrain à 646 cents le boisseau tandis que le prix du blé s'est stabilisé à 776 cents. Relevons la flambée des cours du bois de charpente, qui gagne plus de 20% en cinq séances. Le prix du bois de construction demeure particulièrement volatil en raison des perturbations d'approvisionnement, qui touchent particulièrement les sites de production canadiens, lesquels peinent à acheminer leur production vers les Etats-Unis.
Graphique Matières Premières
Macroéconomie
On aimerait parfois parler d'autre chose que d'inflation, mais comment faire quand les prix s'envolent continuellement aux Etats-Unis et que la banque centrale américaine se doit de réagir vigoureusement ? Le coût de la vie outre-Atlantique a augmenté en moyenne de 7,5% entre janvier 2021 et janvier 2022, selon les statistiques publiées jeudi après-midi. Ce nouveau dérapage de l'inflation (les économistes pensaient que la flambée n'irait "que" jusqu'à 7,2%) a conforté l'impression déjà bien présente que la Fed allait devoir cravacher pour rattraper son retard. En d'autres termes, relever ses taux à marche forcée. Et en d'autres termes encore, procéder par demi-point plutôt que via le traditionnel quart de point. Avec le risque de provoquer des dégâts dans l'économie réelle, notamment via le crédit. L'outil FedWatch du CME pronostique désormais une double hausse de taux le 16 mars prochain. Au risque de nous répéter, rappelons que les phases de resserrement monétaire sont plutôt favorables aux actions si elles sont bien orchestrées. Mais le marché aime nettement moins les réactions brutales.

Sur le marché des changes, l'euro reste ferme face au franc suisse, à 1,0555 CHF. La monnaie unique résiste aussi très bien contre dollar, à 1,14035 USD en dépit de la tournure prise par les événements aux Etats-Unis. En revanche, et c'est plutôt logique, la perspective d'une hausse de taux accélérée a provoqué un recul du prix des obligations et une remontée mécanique de leur rémunération à 2,01% pour le T-Bond sur 10 ans. Le Bund allemand monte à 0,26% et l'OAT française à 0,73%. Quant à la signature suisse, elle s'établit à 0,24%.

Le marché des cryptomonnaies refait surface après de longues semaines en eaux troubles. Le cours du bitcoin a progressé de plus de 15% ces sept derniers jours et repasse au-dessus de la barre des 43 000$ à l'heure où nous écrivons ces lignes. Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Ce sursaut d'orgueil de la crypto-devise ne laisse pas forcément présager un retour rapide du prix vers les sommets historiques atteints trois mois plus tôt. N'oublions pas qu'elle a tout de même subi une chute de 50% sur cette période et la route pourrait être encore longue et semée d'embûches avant de revoir le bitcoin effacer cette contre-performance, d'autant plus que le contexte macroéconomique ne joue pas forcément en sa faveur.

La semaine prochaine, quatre événements se détachent sur le calendrier macroéconomique : le PIB européen du 4e trimestre 2021 et les prix à la production américains de janvier (mardi), les ventes de détail américaines de janvier et les minutes de la dernière réunion de la Fed (mercredi).
Graphique de Cours
Le pic d'inflation en ligne de mire
Les chiffres de l'inflation ont (re)déclenché un vent de panique sur les marchés. Le pic se fait attendre. L'incertitude vis-à-vis de la continuité de cette inflation associée à une politique des banques centrales encore aléatoire crée de la volatilité. Les investisseurs long terme y voient une opportunité pour commencer à renforcer quelques positions à bon prix, d'autres seront plus prudents en attendant une baisse plus importante.

Dans ces moments de doute, les opérateurs semblent oublier les perspectives micro-économiques favorables des entreprises (et les très bons résultats publiés par la majorité des sociétés) pour se concentrer sur l'instant présent et des marchés en panique. Pour le dire plus simplement, on vend tout et on avise après. Prendre de la hauteur ne fait jamais de mal.

Benjamin Graham aimait rappeler que son expérience lui a appris à être humble face au marché et disait : plus le temps passe, plus je doute de ce que fera le marché, mais plus le temps passe et plus je sais comment les investisseurs réagiront face au marché.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
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