Les espoirs et annonces d'avancées sur le front diplomatique en Ukraine ont nettement ravivé l'appétit pour le risque sur les places financières cette semaine, malgré des variations erratiques et de forte amplitude en cours de séance. Après la débâcle de la semaine passée, les grands indices européens reprennent ainsi de la hauteur, malgré les incertitudes persistantes au sujet du conflit Russo-ukrainien et le durcissement de ton de la BCE, en raison des pressions inflationnistes qui s’amplifient.
Variations hebdomadaires*
STOXX EUROPE 600
431.17  +2.23%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4204.31  -2.88%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
25162.78  -3.17%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1986.62$  -0.09%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
112.36  -13.68%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.09$  +0.35%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
Boskalis (+35%) : HAL Trust, qui détenait déjà 46,2% du capital, va racheter les titres qu'il ne détient pas à 32,50 EUR l'action. L'action s'envole sur la semaine, avec un gain de 28% sur la seule séance postérieure à l'annonce de l'OPA. 

Solaria Energia (+27%) : net rebond pour l'entreprise espagnole qui opère dans le domaine photovoltaïque. La course aux énergies alternatives est lancée, avec en toile de fond le conflit en Ukraine. 

Leonardo (+21%) : les valeurs de la défense ont encore le vent en poupe cette semaine toujours dans l’optique du réarmement des nations européennes. La société italienne figure parmi les leaders européens de la conception d’hélicoptères militaires et de systèmes de défense.

Electricité de France (+17%) : le nucléaire revient sur le devant de la scène avec les ambitions européennes de réduire la dépendance énergétique de la région à l'extérieur. Même le groupe public français, qui est en difficulté, en profite, puisqu'il n'y a plus guère d'autres acteurs cotés. 

Epiroc (+17) : le groupe suédois spécialisé dans les équipements lourds destinés à l'industrie minière est monté en flèche cette semaine. Les investisseurs misent sur un développement des projets miniers hors de Russie pour compenser les restrictions imposées au pays après l'invasion de l'Ukraine. Epiroc réalise certes 6% de son activité en Russie, mais sa base géographique extrêmement diversifiée doit lui permettre de compenser le manque à gagner, estiment les analystes.

Avis Budget (+16%) : les entreprises américaines liées au secteur touristique ont enregistré une reprise en milieu de semaine. Du côté des loueurs de véhicules, les actions ont encore plus rebondi après la publication de statistiques porteuses pour le secteur. Jefferies note que les prix sont toujours orientés en vive hausse aux Etats-Unis en glissement annuel. 

Didi (-47%) : le "Uber" chinois a coulé vendredi après avoir fait suspendre sa cotation à Hong Kong, faute d'avoir respecté la réglementation chinoise sur la protection des données. 

Rivian (-19%) : le constructeur de pickups électriques est plus déficitaire que prévu sur le dernier trimestre écoulé. Il a en outre fait part de perspectives assombries par les soucis de chaîne d'approvisionnement. 

D’Ieteren (-10%) : le spécialiste de la distribution automobile et des services de réparation chute après la publication de résultats inférieurs aux attentes mercredi. Le propriétaire de Carglass n'a pas convaincu non plus sur ses perspectives.
Graphique Matières Premières
Matières premières

La volatilité se maintient à des niveaux élevés sur les marchés pétroliers, qui restent particulièrement sensibles aux développements liés à la guerre en Ukraine. Les commentaires de Vladimir Poutine, qui voit des avancées positives dans les pourparlers avec le gouvernement ukrainien, qui serait prêt à faire des compromis sur sa neutralité, ont provoqué une détente des cours puisque les deux références mondiales, le Brent et le WTI, se négocient en baisse à respectivement 111 et 109 USD. En revanche, l'ambiance se dégrade au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien. Alors que les négociations semblaient sur le point d'aboutir il y a encore quelques jours, les pourparlers sont désormais suspendus.

Semaine de démesure pour le compartiment des métaux, et plus particulièrement le nickel, dont le cours a bondi à 100.000 USD la tonne, soit son plus grand gain en une seule journée. Les cours ont été dopés par une course pour couvrir des positions courtes après que les sanctions occidentales ont menacé l'approvisionnement en provenance du principal producteur, la Russie. Le cuivre de son côté a perdu du terrain à 10140 USD. Concernant les métaux précieux, l'or a dépassé le seuil des 2000 USD l'once, sans toutefois parvenir à se maintenir au-dessus de ce niveau. Les investisseurs ont effectivement retrouvé de l'appétit pour le risque en fin de semaine, au détriment de la relique barbare, qui s'échange, à l'heure où nous écrivons ces lignes, autour de 1980 USD.

Les cours se sont également détendus à Chicago, comme en témoigne le recul des prix du blé (1070 cents le boisseau) et du maïs (753 cents) sur les cinq derniers jours. L'USDA s'est montrée plutôt optimiste au sujet de la production mondiale de blé pour 2021/2022, puisque l'institution a relevé sa prévision de 776.4 à 778.5 millions de tonnes. En revanche, sans grande surprise, l'USDA a révisé à la baisse son estimation des exportations mondiales (qui passent de 206.7 à 203.1 millions de tonnes) en raison de la baisse des exportations ukrainiennes et russes. 

Graphique Matières Premières
Macroéconomie

La semaine a été marquée par la réunion de la Banque centrale européenne. En marge d'un statu quo sur les taux directeurs, l'institution s'est montrée préoccupée par l'accélération de l'inflation. Elle a avancé à juin le début de la réduction de ses rachats d'actifs, tout en laissant ouverte l'éventualité d'une hausse de taux cette année, une éventualité qui n'était pas envisageable il y a encore quelques semaines. L'autre événement macroéconomique, c'est la publication d'une inflation toujours haut perchée aux Etats-Unis en février. De quoi conforter une première hausse de taux de la Fed la semaine prochaine, à hauteur d'un quart de point.

Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 2,01% aujourd'hui, puisque l'inflation reste la préoccupation majeure des banques centrales, qui voient dans le conflit en Ukraine un facteur aggravant. Cette guerre aux portes de l'Europe a tendu les rendements sur le vieux continent : sur 10 ans, le Bund allemand monte à 0,31% et l'OAT française à 0,77%. Sur le marché des changes, le dollar s'est renforcé à 449,93 JPY. Après avoir profité de la ruée vers la sécurité, le billet vert a légèrement reflué face à l'euro en milieu de semaine, avant de se reprendre à 1,0944 USD pour 1 EUR.

Dans un contexte géopolitique encore très tendu, le marché des cryptomonnaies a souffert d’une volatilité importante ces derniers jours. En l’espace d’une semaine, le bitcoin a subi des variations de 10% à la hausse, comme à la baisse, au gré de l’évolution de la situation en Ukraine. Le cours du bitcoin navigue, de nouveau, autour des 39 000$ à l’heure où nous écrivons ces lignes. L’appétit des investisseurs pour les actifs à risque peut-être encore mis entre parenthèses en attendant que la situation s’apaise sur la scène politico-économique internationale. 

La semaine prochaine, la séance du mercredi 16 mars est fléchée depuis longtemps par les investisseurs : sauf coup de théâtre, la Fed lancera un nouveau cycle de resserrement de sa politique monétaire. 

Graphique de Cours
La Fed s’apprête à inverser la vapeur
Les marchés sont toujours suspendus à l’actualité militaire en Ukraine, mais ils gardent un oeil sur la politique monétaire, en l’occurrence celle de la Fed, qui va entamer son cycle de relèvement de taux pour contrer une inflation toujours débridée. La volatilité reste forte, comme en témoigne la séance de mercredi, qui a vu le DAX et le CAC40 rebondir de 7 à 8% après quatre journées de baisse. Malgré ces moments de sursaut, les investisseurs ont toujours du mal à évaluer les conséquences sur le long terme des bouleversements économico-politiques en cours. Mais ils ne boudent pas leur plaisir en constatant que la semaine s’est achevée sur une hausse, pour la seconde fois seulement en 2022. Bon weekend à toutes et à tous.
Les articles de la semaine
Ethereum - Ethereum Classic : la blockchain aux deux visagesEthereum - Ethereum Classic : la blockchain aux deux visages
Un hack est “le fait de manipuler un système, dans la langue de Shakespeare 'hack” signifie “pirater”. Dans le cas... Lire la suite
Les conséquences du conflit russo-ukrainienLes conséquences du conflit russo-ukrainien
Nous allons tenter de comprendre dans cet article les tensions qui existent entre les deux pays et leur origine, comprendre les sanctions occidentales et leurs... Lire la suite
L'histoire du cours du pétroleL'histoire du cours du pétrole
Découvrez l'histoire incroyable des cours du pétrole depuis 1862. Guerres, crises, pics et krach, le cours du baril fluctue au... Lire la suite
*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.