Vendredi  8
mai
Le point hebdo de l'investisseur
intro Les places financières ont fait preuve de nervosité cette semaine, partagées entre les mauvaises statistiques qui confirment l'impact marqué du Covid-19 sur l'économie mondiale et les espoirs de reprise de l'activité, avec la fin du confinement dans plusieurs pays. Malgré une légère accalmie sur le front du commerce en raison de la reprise des discussions entre Pékin et Washington pour l'application de l'accord signé en début d'année, les grands indices terminent la semaine en ordre dispersé, malgré un rapport mensuel sur l'emploi américain décevant, mais légèrement au-dessus des attentes.
Indices

Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei et le Shanghai Composite tirent leur épingle du jeu, récupérant respectivement 2.8% et 1.2%. Le Hang Seng cède en revanche 1.5%.

En Europe, les principaux indices évoluent en ordre dispersé. Le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 0.6% alors que le Dax gagne 0.3% alors que le Footsie grimpe de 3%. Pour les pays périphériques de la zone euro, le rouge domine. L'Espagne cède 2%, le Portugal 0.8% et l'Italie 1.4%.

A l'heure de la rédaction de ce point, à New-York, le Dow Jones progresse de 2.1% sur la semaine, le S&P500 de 3% tandis que le Nasdaq100 s'adjuge 5.5%. L'indice des valeurs technologique progresse désormais de 5.3% depuis le 1er janvier et confirme ainsi sa nette surperformance face aux autres indices (voir graphique).

Performance des indices depuis le 1er janvier

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Matières premières

La perspective de voir la demande de brut rebondir dans les prochaines semaines, ressuscitée par les mesures de déconfinement, redonne du baume au coeur aux opérateurs. Ces derniers se sont également montrés confiants sur le recul de la production d'or noir, au niveau mondial et aux Etats-Unis. La volatilité est restée très importante cette semaine, le Brent progressant de près de 14% à 30.3 USD tandis que le WTI s'adjuge 30% à 25.85 USD.

Les métaux précieux ont toujours le vent en poupe. L'once d'or évolue non loin de son plus haut annuel à 1719 USD, tandis que l'argent revient au contact des 15.7 USD (voir graphique).

Le compartiment des métaux industriels enregistre une séquence hebdomadaire positive, en partie soutenu par reprise des activités en Chine. Le cuivre progresse à 5227 USD la tonne métrique, tout comme le zinc à 2000 USD.

L'argent revient au contact d'une zone charnière

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Marchés actions

Technologie ne rime pas qu'avec Californie

Il est de bon ton de louer la performance boursière des valeurs technologiques américaines. Elle est d'ailleurs incontestable, quand les marchés montent mais aussi quand ils baissent, comme c'est le cas depuis que la crise du Covid-19 est venue rebattre les cartes. Mais pas toutes les cartes, vous l'aurez compris. Il ne faut pas non plus oublier d'autres îlots de prospérité numérique. Et l'Allemagne a des arguments à faire valoir en la matière actuellement.

Le graphique qui suit montre les performances de six valeurs internet Made in Germany depuis le 1er janvier. Les surperformances par rapport à l'indice large STOXX Europe 600 (-18%) vont de 33% à 119%. Ces valeurs sont les vendeurs en ligne Zalando (chaussure, habillement), Zooplus (article pour animaux) et Shop Apotheke (produits pharmaceutiques), le service de livraison Delivery Hero, le fournisseur d'ingrédients culinaires à domicile HelloFresh et le développeur de logiciels de travail collaboratif TeamViewer. Hormis ce dernier, ce sont surtout des commerçants qui s'appuient sur la technologie pour écouler leurs produits et/ou leurs services. Mais cela reste des success-story numériques.

Performance de 6 valeurs internet

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Marché obligataire

Les taux se stabilisent sur les grandes signatures européennes. L'OAT française évolue toujours à proximité d'un rendement nul tandis que le Bund allemand reste en territoire négatif à -0.5%. Le 10 ans suisse suit la même dynamique à -0.56%.

L'écart se creuse ainsi avec les rendements d'Etat italien et espagnol, qui tendent à progresser. Le 10 ans espagnol se stabilise à 0.83% tandis que le BTP italien reste aimanté par la barre des 2%.

Outre-Atlantique, le 10 ans américain fait toujours preuve d'une résilience à toute épreuve alors que les statistiques économiques du pays vacillent. Le T-bond affiche ainsi un rendement de 0.64%.
Marché des changes

Force est de constater que la semaine n'a pas été volatile sur les marchés des changes. Globalement, l'euro s'est effrité face à ses contreparties majeures, affaibli par la décision de la Cour suprême allemande à l'égard de la politique menée par la BCE sur ses rachats de dette publique. Le couple EUR/USD a ainsi perdu un peu de terrain à 1.08 USD, une dynamique aussi observable sur les paires EUR/CHF et EUR/JPY, qui évoluent respectivement à 1.05 CHF et 115 JPY.

Outre-Atlantique, le dollar n'a pas particulièrement pâti de l'effondrement du travail dans le secteur privé aux Etats-Unis avec la destruction de plus de 20 millions d'emplois en avril. Le billet vert se stabilise face au yen à 106 JPY.
Statistiques économiques

Peu de statistiques européennes étaient au programme cette semaine. Les indices PMI manufacturier et services sont ressortis globalement dans le consensus, à respectivement 33.4 et 12 (consensus 33.6 et 11.7). En Allemagne, la production industrielle a chuté de 9.2% (-16.2% en France) et les commandes industrielles allemandes ont décroché de 15.6%.
La semaine prochaine, les opérateurs focaliseront leur attention, sur la production industrielle en zone euro, la balance commerciale et le PIB, anticipé en baisse de 3.8%.

En Chine, la bonne surprise provient de la hausse de 3.5% des exportations en avril (consensus -11%), même si les importations ont chuté de 14.2 % (-10% attendu). La balance commerciale ressort à +45.3B dollars (consensus 9.1B). Dans les séances à venir, seront dévoilés les indices CPI et PPI, la production industrielle, les ventes au détail et le taux de chômage.

Aux Etats-Unis, l'indice ISM services a dépassé les attentes (41.8 contre 37.5 anticipé). Les commandes industrielles ont décroché de 10.3% (consensus -9.2%) et toutes les données concernant l'emploi ont déçu. L'enquête ADP a fait état de 20236K destructions de postes dans le secteur privé (-20500K attendu et -149K le mois dernier). Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ressorties à 3169K (consensus 3000k). Le point d'orgue de la semaine était le rapport mensuel sur l'emploi. Le taux de chômage s'envole à 14.7% (consensus 16%) et 20500K emplois ont été détruits en avril, là où le marché attendait -22000K (-870K le mois dernier).
Entre déceptions et espoirs

La semaine se termine bien mieux qu'elle n'avait commencé. D'un moral à toute épreuve, les marchés se sont soudainement crispés face à la manifestation de vieux démons qu'on aurait presque oubliés, à savoir les rhétoriques guerrières de Donald Trump et son levier de négociation favori envers Pékin : les mesures de rétorsion commerciale.

Si les deux camps se sont rapidement entendus pour étouffer les braises en convenant d'une collaboration, l'expérience démontre d'une part que le marché ne parvient toujours pas à s'acclimater au caractère imprévisible du locataire de la Maison Blanche, mais surtout que le feuilleton commercial n'est pas clos.

A l'heure du Covid-19 et des économies meurtries, ces oppositions commerciales prennent une toute autre ampleur. Tâchons de le garder à l'esprit et de l'ajouter à l'équation aux nombreuses inconnues du monde post-confinement.