L'OMS est actuellement financée principalement par les contributions volontaires des gouvernements et des donateurs privés, un système qui, selon l'agence des Nations Unies et des groupes d'experts indépendants, n'est pas viable car l'organisation doit faire face à de nouveaux défis, notamment des risques plus élevés de pandémies.

Pour tenter de réduire la dépendance de l'agence aux dons assortis de conditions, un groupe de travail de l'OMS a proposé en janvier d'augmenter les contributions obligatoires au budget de l'agence.

Mais après les critiques de plusieurs donateurs, dont les États-Unis, l'augmentation des cotisations obligatoires est désormais liée à des réformes destinées à rendre l'organisme des Nations Unies plus efficace et plus transparent, selon le document interne de l'OMS.

L'agence de l'ONU a déclaré que le projet de réforme était encore sujet à des changements et qu'il n'impliquait pas nécessairement des conditions strictes pour les augmentations de paiement.

Selon la proposition initiale, les cotisations obligatoires des États membres augmenteraient progressivement à partir de 2024, de sorte qu'elles représenteraient la moitié du budget de base de l'agence, soit 2 milliards de dollars, d'ici l'exercice 2028-29, contre moins de 20 % actuellement.

Cette augmentation des paiements permettrait à l'OMS de disposer d'un flux de financement plus stable. Cela devrait à son tour rendre l'organisme plus indépendant et plus efficace, en réduisant sa dépendance à l'égard des donateurs volontaires dont les contributions sont généralement liées à des objectifs de santé fixés par eux-mêmes, selon les partisans du plan de financement.

Les États-Unis, qui paient la cotisation la plus élevée de l'OMS en fonction de leur économie plus importante, ont remis en question la proposition de financement de l'OMS et ont fait pression pour que les pays du G20 investissent dans un fonds distinct pour la prévention et la préparation aux pandémies, hébergé par la Banque mondiale.

Washington n'a pas dit s'il soutenait l'augmentation de 50 % des frais obligatoires, qui coûterait aux États-Unis 240 millions de dollars par an d'ici 2029. Elle a toutefois ouvertement appelé l'OMS à devenir plus efficace et à améliorer son mode de fonctionnement avant toute refonte du financement.

Après des mois de discussions, les négociateurs ont maintenant préparé un texte de compromis, selon le document vu par Reuters.

Le nouveau projet, daté du 11 avril, conditionne l'augmentation des droits obligatoires, ou contributions obligatoires, à des réformes de la gouvernance.

Une première hausse des redevances serait introduite pour le budget 2024-2025, mais les deux augmentations budgétaires successives nécessaires pour porter les redevances obligatoires à 50 % du total d'ici 2029 n'interviendraient qu'après des réformes visant à améliorer l'efficacité.

"Le principe ici est qu'en contrepartie d'un investissement plus important des États membres en termes de CA (contributions obligatoires), le Secrétariat devrait démontrer un meilleur rendement en termes d'optimisation des ressources", indique le projet de document, en référence à l'organe exécutif de l'OMS.

Cela pourrait signifier que si aucune réforme de la gouvernance n'était adoptée, le budget obligatoire de l'OMS augmenterait moins que les 50 % prévus.

L'OMS travaille sur un document de feuille de route qui indiquera les étapes, notamment sur une plus grande transparence des dépenses, nécessaires pour améliorer la gouvernance et débloquer les fonds, a-t-elle indiqué.

Le document de réforme et la feuille de route de l'OMS seront discutés par les négociateurs la semaine prochaine. La refonte du financement doit être transformée en une proposition officielle pour la réunion annuelle de l'organe décisionnel de l'OMS en mai.