New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont fini en nette hausse mardi, bénéficiant d'une baisse de la production koweïtienne due à une grève et de l'affaiblissement du dollar, qui ont éclipsé les inquiétudes sur les excédents mondiaux et américains.

Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a gagné 1,30 dollar à 41,08 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

A Londres le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a gagné 1,12 dollar à 44,03 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Ainsi la déception provoquée par l'échec dimanche d'une réunion entre grands producteurs, qui n'ont pas dégagé d'accord sur un gel de la production qui aurait servi à redresser des cours plombés par les excédents depuis près de deux ans, semblait pratiquement oubliée.

"De toute évidence l'absence d'accord dimanche était de nature à faire baisser les prix, mais le marché n'y prête pas beaucoup d'attention et se concentre sur le problème de court terme au Koweit", a déclaré Kyle Cooper, chez IAF Advisors.

"Le marché reste soutenu par la baisse de production due à la grève au Koweit, même après des informations faisant état d'une reprise à raison de 400.000 barils par jour depuis dimanche", a noté pour sa part Tim Evans, chez Citi.

Au troisième jour de ce mouvement social pour protester contre des réductions de salaires envisagées, la production de pétrole du Koweït était assurée à moitié mardi, avec 1,5 million de barils, contre 3 millions de barils par jour (mbj) en temps normal.

La durée de ce manque à gagner reste toutefois incertaine. Chez Mizuho Securities, Bob Yawger a noté que la grève avait déjà duré aussi longtemps qu'un précédent conflit social similaire il y a trois ans. "J'entends dire que cela pourrait se prolonger dix jours", ce qui durant ce laps de temps éviterait d'alourdir encore les stocks mondiaux.

Grâce à cela, "pour le moment le marché est plus ou moins équilibré", ont noté les analystes de Commerzbank.

Par ailleurs, un mauvais indicateur américain sur l'immobilier, avec une chute spectaculaire des mises en chantier, pesait sur le dollar mardi, ce qui favorisait les acheteurs de brut munis d'autres devises puisque les échanges sont libellés en billets vert.

Le dollar faible "soutient toutes les matières premières, et surtout le pétrole brut", a souligné M. Yawger.

Enfin, le marché attendait les chiffres hebdomadaires sur le niveau des stocks de brut et de produits pétroliers aux Etats-Unis que doit publier mercredi le ministère de l'Energie (DoE), et dont une première estimation fournie par l'association professionnelle API était attendue en soirée.

Selon l'estimation médiane des analystes interrogés par l'agence Bloomberg News, les stocks américains de brut devraient avoir progressé de 3 millions de barils lors de la semaine achevée le 15 avril, ce qui serait de nature à pousser les prix en baisse selon M. Yawger.

La semaine précédente les stocks de brut avaient déjà bondi de 6,6 millions de barils, mais la consommation d'essence s'était affichée très élevée, et la production américaine était passée sous le seuil de 9 millions de barils par jour, ce qui avait limité la réaction négative du marché.

Les chiffres des "stocks d'essence ou (de) la production pourraient décider de la direction du marché" dans les jours qui viennent, a estimé M. Yawger.

Selon les analystes interrogés par Bloomberg, les réserves d'essence auraient baissé de 1,75 million de barils et celles de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) se seraient stabilisées.

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