ROME, 12 décembre (Reuters) - Le mouvement de contestation des "forconi" ("fourches") s'est étendu jeudi à la ville de Rome, où des centaines d'étudiants ont affronté les forces de l'ordre devant une université où plusieurs ministres du gouvernement d'Enrico Letta assistaient à une conférence.

A l'origine, le mouvement des "forconi" est apparu parmi les paysans de Sicile, rejoints ensuite par des chauffeurs routiers, des petits patrons, des étudiants, des chômeurs et des précaires qui dénoncent la politique d'austérité du gouvernement et les institutions européennes.

Depuis quatre jours, les protestataires organisent des manifestations à travers tout le pays.

"Notre université ne doit pas être un tremplin pour ceux qui imposent l'austérité", lisait-on sur une banderole déployée devant l'université romaine.

Rassemblements et défilés se sont également poursuivis à Milan, Turin, Florence ainsi qu'à Palerme, la capitale sicilienne.

De grandes manifetastions sont prévues à Rome la semaine prochaine.

"Nous sommes des millions et nos rangs ne cessent de grossir. Le gouvernement doit s'en aller", a affirmé Danilo Calvani, un agriculteur devenu l'un des chefs de file de la contestation.

Au Parlement, le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano a mis en garde contre "une spirale de rébellion contre les institutions nationales et européennes". Le gouvernement, a-t-il ajouté, comprend "la souffrance du peuple" mais ne tolérera pas les violences.

Ces derniers jours, 14 policiers ont été blessés dans les affrontements et des commerces ont été endommagés.

Si le mouvement des "forconi" affirme être indépendant de tout parti politique, la Ligue du Nord fédéraliste et le Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo lui ont apporté leur soutien.

L'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi avait proposé mercredi de rencontrer une délégation de chauffeurs routiers mais il s'est fait remplacer au dernier moment par l'un de ses conseillers.

Mario Borghezio, député de la Ligue du Nord au Parlement européen, a salué "le vent de révolte qui souffle aujourd'hui en Italie, conséquence directe de l'euro et des choix funestes de l'Union européenne et de sa Banque centrale". (Antonella Cinelli, Guy Kerivel pour le service français)