(Actualisé avec entretien Maliki-Biden)

par Ahmed Rasheed

BAGDAD, 8 janvier (Reuters) - Le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, s'est dit sûr mercredi de la victoire sur les islamistes à Falloudja, dans la province d'Anbar, à l'ouest de Bagdad.

L'armée irakienne s'est massée autour de la ville en vue de lancer un assaut contre les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe djihadiste sunnite affilié à Al Qaïda qui a mené la semaine dernière une offensive dans la province, rêvant d'établir un califat de part et d'autre de la frontière irako-syrienne.

Lors d'une allocution télévisée mercredi, le chiite Maliki a remercié la communauté internationale pour son soutien dans la lutte contre les extrémistes et a exhorté l'EIIL à déposer les armes, promettant sa clémence.

"Nous poursuivrons notre combat parce que nous considérons qu'Al Qaïda et ses affidés représentent le mal", a dit le Premier ministre.

Des responsables tribaux de Falloudja tentent de persuader les combattants djihadistes de partir afin d'éviter que les combats ne transforment la ville en un champ de ruines.

"Nous ne voulons pas que la ville (de Falloudja) souffre et nous n'emploierons pas la force tant que les tribus locales se disent prêtes à affronter et à chasser Al Qaïda", a assuré Nouri al Maliki.

Le Premier ministre s'est par ailleurs entretenu pour la deuxième fois cette semaine avec le vice-président américain, qui l'a invité à continuer à chercher une solution par l'intermédiaire des dignitaires tribaux, rapporte la Maison blanche. Joe Biden s'est en outre félicité que Bagdad ait offert de compenser financièrement les éventuelles pertes des milices tribales invitées à chasser les extrémistes.

Falloudja a déjà été dévastée par une offensive américaine contre les insurgés sunnites en 2004, un an après l'intervention militaire américano-britannique contre Saddam Hussein.

Les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'une aide militaire au gouvernement de Bagdad, notamment des drones et des missiles, mais ont exclu de dépêcher des troupes sur le terrain, deux ans après le retrait d'Irak de l'US Army après neuf ans d'occupation.

SITUATION HUMANITAIRE CRITIQUE

"Ce soutien (...) nous montre que nous sommes sur la bonne voie et que nous parviendrons à atteindre notre objectif, clair et sans appel : éradiquer cette organisation corrompue", a dit Maliki en faisant référence à Al Qaïda.

Pour les Nations unies, la situation humanitaire dans la province d'Anbar est critique.

"A Falloudja, c'est extrêmement inquiétant dans la mesure où les réserves de nourriture, d'eau et de médicaments essentiels commencent à s'épuiser", dit dans un communiqué l'émissaire de l'Onu en Irak, Nikolaï Mladenov.

Les dirigeants tribaux de Falloudja ont demandé aux habitants qui ont fui la ville ces derniers jours de revenir et de reprendre leurs activités. Une nouvelle administration locale a été mise en place avec un nouveau chef de la police.

Dans un message audio enregistré mardi soir, le porte-parole de l'EIIL, Abou Mohammad al Adnani, appelle les sunnites irakiens à ne pas déposer les armes et à n'accepter aucun compromis avec le gouvernement de Bagdad.

Les sunnites, minoritaires en Irak, dominaient la vie politique irakienne sous la présidence de leur coreligionnaire Saddam Hussein, renversé après l'invasion de 2003.

On ignore combien de combattants de l'EIIL se trouvent à Falloudja et quel soutien ils peuvent obtenir de la part de certaines tribus sunnites de la région, hostiles au gouvernement "chiite" de Bagdad.

Lundi, l'armée irakienne a repris le contrôle de la capitale provinciale, Ramadi, mais des combats se poursuivaient mercredi dans les faubourgs, a-t-on appris de source militaire. (Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)