par Saliou Samb

CONAKRY, 28 mars (Reuters) - Les autorités guinéennes tentaient vendredi d'endiguer la propagation du virus Ebola à Conakry, la capitale de ce pays où une épidémie a fait 66 morts depuis l'apparition des premiers signes le mois dernier.

Le gouvernement a annoncé jeudi que cette maladie infectieuse, l'une des plus mortelles pour l'homme, avait atteint la capitale, peuplée de plus de deux millions d'habitants et située à environ 300 km du foyer initial dans le sud-est de la Guinée.

Un homme âgé y est décédé et quatre de ses proches ont été placés en quarantaine. Depuis, les autorités tentent de retrouver toutes les personnes susceptibles d'avoir été en contact avec eux.

Conakry, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des bidonvilles insalubres, offre un terrain idéal pour la progression de l'épidémie, qui restait jusque-là cantonnée à des villages isolés en forêt.

Quelque 103 cas suspects ont été recensés, en grande majorité autour de la ville de Guékédou. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de mortalité lié à l'infection s'élève à 64%.

"Des familles entières ont été décimées. Quand on se rend dans les zones rurales, en particulier dans la région de Guékédou, on voit de nombreuses personnes infectées", explique Mariano Lugli, de l'ONG Médecins sans frontières (MSF).

Selon lui, la lutte contre la dissémination du virus est d'autant plus délicate que la population guinéenne a tendance à beaucoup se déplacer.

"La principale difficulté que nous rencontrons, c'est d'isoler les cas découverts et de les installer dans des centres de soins spécialisés pour qu'ils ne contaminent pas d'autres personnes", souligne Mariano Lugli.

MSF, ajoute-t-il, a aménagé à Guékédou un centre d'isolement avec 20 lits prévus pour les patients.

La tradition qui veut que les morts soient lavés à la main peut en partie expliquer la flambée du nombre de cas, ce qui a conduit le gouvernement à interdire ce procédé. La consommation de viande de chauve-souris, un animal que les scientifiques jugent responsable de la diffusion, a également été proscrite.

Le virus Ebola, qui ne s'était jamais répandu aussi largement en Afrique de l'Ouest, a tué plus de 1.500 personnes depuis la découverte des premiers cas, dans l'actuelle République démocratique du Congo, en 1976.

Il n'existe pour l'heure aucun vaccin ni aucun traitement curatif pour cette maladie qui commence par de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires, avant de dégénérer en vomissements, diarrhées et saignements. (Simon Carraud pour le service français, édité par Danielle Rouquié)