Le déficit des échanges a atteint 5,304 milliards d'euros, au plus haut depuis novembre 2008, contre 4,391 milliards en octobre, selon des chiffres publiés vendredi par les Douanes.

Ce résultat est bien supérieur au déficit de 3,8 milliards qu'attendaient en moyenne cinq économistes interrogés par Reuters et il contraste avec l'excédent meilleur que prévu annoncé au même moment par l'Allemagne, premier partenaire commercial de la France.

Les exportations françaises ont augmenté de 2,1% en novembre, à 28,9 milliards d'euros, mais cette bonne performance relative a été éclipsée par un bond de 4,6% des importations, à 32,2 milliards.

"Les importations enregistrent leur plus forte progression depuis juin 2004 alors que les exportations demeurent inférieures de 20,7% à leur sommet de février 2008", constate Alexander Law, économiste au cabinet d'études Xerfi, pour qui "la situation est encore loin, très loin, d'être normalisée".

Pour autant, la statistique recèle des éléments rassurants.

Les ventes d'automobiles sont restées fermes, en particulier vers l'Espagne ou l'Italie grâce aux "primes à la casse" encore en vigueur dans ces pays.

Les exportations de biens intermédiaires (chimie, métaux, plastique...) se sont accélérées, reflétant sans doute la fin du processus de déstockage à travers l'Europe et le monde.

Le redressement est également sensible pour l'équipement mécanique et les matériels électriques et électroniques.

"Cela suggère un frémissement de l'investissement chez nos partenaires mais, dans un contexte de visibilité conjoncturelle dégradée, le mouvement devrait être pour le moins timide au cours des prochains mois", tempère Alexandre Law.

CONTRE-PERFORMANCE D'AIRBUS

Les exportations, à leur plus haut niveau depuis juillet 2009, ont toutefois été handicapées par une contre-performance des livraisons aéronautiques. Airbus n'a vendu que 17 avions sur la période, pour un total de 785 millions d'euros, après 24 en octobre et 22 en septembre.

Les importations, qui n'avaient plus été aussi élevées depuis novembre 2008, reflètent aussi un réveil de la demande industrielle mais Nicolas Bouzou, du cabinet d'analyse Asterès, s'inquiète de la poussée des ventes de pays comme la Chine ou les Etats-Unis.

Alors que le déficit bilatéral avec l'Allemagne s'est réduit à 1,38 milliard d'euros contre 1,48 milliard en octobre, celui avec la Chine a enflé à 1,84 milliard contre 1,72 milliard. Avec l'Amérique, le déficit des échanges s'est creusé de 98 millions d'euros en un mois, à 338 millions.

"Il semble difficile de ne pas faire un lien avec la vigueur de l'euro par rapport au dollar", juge Nicolas Bouzou en écho aux inquiétudes exprimées de plus en plus bruyamment par les autorités françaises.

Le président Nicolas Sarkozy a qualifié lundi de "problème considérable" la faiblesse du dollar et a renouvelé mardi son appel à un système international "multimonétaire". La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, lui a emboîté le pas en déclarant dans une interview que la question des changes devait être abordée dans l'enceinte du G20.

Mais les difficultés du commerce extérieur français sont surtout structurelles, avec des exportations tournées aux deux tiers vers l'Europe - le parent pauvre de la croissance mondiale - et une spécialisation sectorielle inadaptée.

L'Allemagne, championne européenne des exportations, a au contraire enregistré en novembre un excédent de 17,2 milliards d'euros, au plus haut depuis 17 mois, avec des exportations en hausse pour le troisième mois d'affilée.

Sur les onze premiers mois de 2009, l'excédent commercial allemand atteint ainsi 122,9 milliards alors qu'en France le déficit se monte à 38,9 milliards.

Seule bonne nouvelle, et ce sera une première depuis 2002, le déficit de l'ensemble de 2009 sera inférieur à celui, record, de 55,5 milliards enregistré l'année précédente.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse