par Philip Pullella

CITE DU VATICAN, 16 février (Reuters) - Le conclave qui désignera le successeur du pape Benoît XVI pourrait débuter plus tôt que prévu, a indiqué samedi le Vatican qui avait dans un premier temps parlé d'une ouverture de la réunion entre le 15 et le 20 mars.

Expliquant que "ses forces et son âge avancé" ne lui permettaient plus d'exercer son ministère, le chef de l'Eglise catholique, élu le 19 avril 2005, a annoncé lundi dernier, à la surprise générale, qu'il renoncerait à ses fonctions à la fin du mois.

Face à l'onde de choc créée par cette renonciation, une première depuis le XIIIe siècle, le Saint-Siège a tenu à souligner que le pape, âgé de 85 ans, n'abandonnait pas l'Eglise dans une période de difficultés.

"Benoît ne nous abandonne pas dans ces temps de difficultés", a assuré samedi le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, dans son éditorial hebdomadaire à Radio Vatican. "Avec confiance, il invite l'Eglise à avoir foi en l'Esprit et dans le nouveau successeur de saint Pierre."

Le successeur de Benoît XVI sera élu par 117 cardinaux âgés de moins de 80 ans. La règle veut que le conclave s'ouvre entre quinze et vingt jours après la vacance du trône de Saint-Pierre, qui sera effective le 28 février à 20h00 (19h00 GMT).

Mais puisqu'il s'agit cette fois-ci d'une renonciation, non du décès du souverain pontife, le père Lombardi a expliqué que les règles pourraient être "interprétées" en raison des circonstances exceptionnelles.

Les cardinaux ont déjà entamé des consultations par téléphone et par courriel pour esquisser le "profil" de l'homme qui leur paraîtrait le mieux à même de prendre la tête de l'Eglise catholique en cette période de crise.

Le Vatican souhaiterait que le nouveau pape soit désigné et sacré avant le dimanche des Rameaux, le 24 mars, afin que le nouvel élu puisse présider aux cérémonies de la semaine sainte.

Par ailleurs, de nouveaux détails émergent sur l'état de santé de Benoît XVI ces derniers mois.

"JE SUIS UN VIEIL HOMME"

Peter Seewald, journaliste allemand qui a écrit en 2010 un livre avec le pape, où celui-ci évoquait d'ailleurs la possibilité d'une renonciation, l'avait rencontré il y a dix semaines environ et lui avait demandé ce qu'on pouvait attendre désormais de son pontificat.

"De moi ? Pas grand-chose. Je suis un vieil homme et la force se retire. Je pense que j'ai assez fait", avait répondu le pape, rapporte samedi le magazine allemand Focus.

A la question de savoir s'il envisageait de démissionner, Benoît XVI avait répondu que cela dépendrait de son état physique.

"Il entend moins bien. Il ne voit plus de l'oeil gauche. Il a tellement maigri que ses tailleurs ont du mal à l'habiller (...) Je ne l'avais jamais vu l'air si fatigué, si épuisé", a raconté Peter Seewald.

S'en tenant à son emploi du temps, le pape a reçu samedi matin un groupe d'évêques italiens et le président du Guatemala. Dans l'après-midi, il devait recevoir le président du Conseil italien Mario Monti.

Dimanche à midi, il donnera sa traditionnelle bénédiction à la foule rassemblée place Saint-Pierre avant d'entamer une retraite spirituelle qui s'achèvera le 23 février.

Il donnera sa dernière bénédiction dominicale comme pape le 24 février, puis sa dernière audience générale le 27 février. Le jeudi 28, il gagnera en hélicoptère la résidence d'été des papes à Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, où il devrait rester environ deux mois, le temps que soient achevés au Vatican les travaux de réfection du monastère Mater Ecclesiae, où il se retirera parmi les livres et les orangers. (voir ) (Avec Erik Kirschbaum, James Mackenzie et Tom Heneghan; Guy Kerivel pour le service français)