Le bric-à-brac de Zonebourse : Réflexions sur les baisses de STMicro et Sartorius Stedim, plus une tranche de TSMC

Sartorius Stedim Biotech au plus bas depuis le flash-krach covid

Sale journée hier pour Sartorius Stedim Biotech, qui a coulé de 14% à 153 EUR hors info spécifique. A posteriori, je crois comprendre que la note d'Intron Health, qui a confirmé son avis à la vente et réduit de 150 à 120 EUR son objectif de cours, a pu être fournie aux clients de la société de recherche hier, avant d'être rendue publique ce matin. Hier, l'analyste d'AlphaValue Virendra Chauhan a contacté l'IR de la société, qui s'est dite surprise et qui soupçonnait qu'une "note soulignant la nature volatile de notre activité d'équipement de bioprocédés a stimulé la spéculation sur la possibilité d'atteindre nos objectifs à moyen terme". La piste Intron est d'autant plus crédible que l'analyste Naresh Chouhan est celui qui a le meilleur taux de réussite de la profession sur Sartorius Stedim Biotech grâce à la seule recommandation négative sur le dossier parmi les analystes qui le suivent.

STM et Infineon étrillés par SMA Solar et… BYD

Il y a eu une autre chute spectaculaire hier, quoique moins forte que celle de SSB : le compartiment des semiconducteurs européens. En particulier STMicroelectronics (-4,7%), Infineon (-3,6%) et Aixtron (-6,6%). La baisse est imputable à SMA Solar, comme nous l'avons évoqué hier, après le sévère avertissement du groupe allemand, dont le titre s'est effondré de 31%. Toutefois, l'exposition de STM au solaire est bien plus faible que celle d'Infineon.

William Beavington, le "Monsieur Semi" de Jefferies, a affiné l'analyse. Il souligne que l'accès de faiblesse est imputable à la fois à SMA Solar, mais aussi à GlobalWafers (qui a réduit ses prévisions de croissance du segment SiC, carbure de silicium, pour 2024) et à BYD, à qui les rumeurs prêtent des velléités de déploiement d'une importante capacité de production de SiC au cours du second semestre. "Nous pensons que l'avertissement de SMA Solar a un léger impact négatif sur IFX, mais pas d'impact significatif sur Aixtron ou STM", écrit Beavington, qui ajoute que la réaction de GlobalWafers est tardive et que les autres acteurs avaient déjà communiqué au marché leur prudence sur le segment SiC. Le cas BYD est plus complexe. L'ouverture de nouvelles capacités de production chinoise "serait légèrement négative pour STM qui est un fournisseur de dispositifs SiC pour BYD, neutre pour IFX qui n'est pas un fournisseur de dispositifs SiC pour BYD, et potentiellement positive pour Aixtron qui pourrait devenir le fournisseur d'équipement d'épitaxie pour BYD dans les futures fabs.", précise l'analyste, qui juge que la réaction de la veille était un peu excessive.

TSMC se rapproche du club des 1000

Le géant taiwanais des puces TSMC se rapproche de la barre des 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Quand Bloomberg a titré là-dessus hier, je suis allé regarder sur la fiche-valeur Zonebourse pour constater que la capitalisation est en réalité de 786 Mds$. Après quelques recherches, il s'avère que la capitalisation des ADR (les actions de TSMC cotées aux Etats-Unis) est effectivement proche de 930 Mds$. Il existe depuis longtemps un décalage entre les deux cotations. Et qui dit décalage dit exploitation par les financiers. Il y a donc un arbitrage populaire à Wall Street, qui consiste à acheter des actions TSMC à Taiwan et à vendre à découvert les actions TSMC à New York. Pour le moment, l'écart entre les deux titres a plutôt tendance à s'accroître. Les investisseurs américains jouent manifestement davantage l'IA via TSMC que leurs homologues asiatiques. L'arbitrage consiste à miser sur un retour de l'écart autour de la moyenne long terme. Sans succès pour le moment.

Ce qui est sûr, c'est que le renforcement de la capitalisation de TSMC lui permet de se rapprocher du Top10 mondial. En tenant compte de la capitalisation des ADR, c'est même déjà le cas puisque le groupe taïwanais s'intercalerait en 8^e position, entre Meta et Berkshire Hathaway, rien que ça.

Le tableau qui suit montre que les Etats-Unis trustent 19 des 25 plus grosses capitalisations mondiales. Les sociétés non-étasuniennes, que nous avons surlignées en jaune, sont Aramco (6^e), TSMC (8^e pour l'ADR, 11^e dans le tableau pour le titre coté à Taipei), Novo Nordisk (12^e), Tencent Holdings (17^e), ASML (21^e) et Samsung Electronics (24^e). LVMH, désormais en baisse en 2024, a quitté le Top25 après l'annonce de la dissolution de l'assemblée nationale en France il y a quelques jours. Il n'y a donc plus que deux sociétés européennes contre quatre d'Asie Pacifique Moyen-Orient dans le palmarès.