ROME/LONDRES, 24 juin (Reuters) - Les divisions politiques au sein de l'Union européenne sur le projet d'union bancaire venues s'ajouter aux difficultés existantes du secteur alimentent l'incertitude au moment même où la baisse généralisée et rapide des marchés financiers fait remonter leurs coûts de financement.

Après un échec la semaine dernière, les ministres des Finances de l'UE doivent se réunir une nouvelle fois mercredi pour tenter de parvenir à un compromis.

L'impasse du projet d'union bancaire a incité les investisseurs à exiger des primes de risques plus importantes pour financer les établissements financiers jugés les plus fragiles, alors même que les banques semblent rechigner de plus en plus à se prêter les unes aux autres. (voir: )

"Nous sommes préoccupés par l'évolution des discussions parce que nous avons toujours dit que l'union bancaire était une priorité si l'on voulait que le marché financier européen recommence à fonctionner normalement", a déclaré lundi à Reuters Giovanni Sabatini, directeur général de l'association italienne des banques.

"La qualité des actifs des banques italiennes est remise en doute sur la base de critères qui ne sont pas harmonisés. Cela a un coût important pour nous, et c'est pourquoi nous pensons qu'il faut arriver dès que possible à mettre en place tous les éléments du système unique de supervision."

Le désaccord au sein de l'UE, qui oppose notamment la France et l'Allemagne, porte principalement sur le degré de latitude à accorder aux autorités nationales pour leur permettre, si nécessaire, d'imposer des pertes aux créanciers obligataires et aux gros déposants.

LES PÉRIPHÉRIQUES DE NOUVEAU SANCTIONNÉES

"Il est évident que l'on ne peut pas faire l'union bancaire si l'on ne peut pas s'accorder sur les principes de base du renflouement d'une banque", explique Chris Wheeler, analyste de Mediobanca à Londres.

"Regardez qui sous-performe aujourd'hui: ce sont les banques périphériques, qui sont dans le bas de la pile."

Parmi les banques européennes affectées lundi par le mouvement de défiance envers le secteur, l'italienne Banco Popolare a perdu 0,7%, l'espagnole CaixaBank 3,65%, la grecque Alpha Bank 6%.

Parallèlement, l'indice iTraxx Senior Financials, qui mesure le coût d'une garantie contre un risque de défaut d'une dette bancaire, affiche un bond de 189 points de base, soit de plus de 50%, par rapport à son niveau du 22 mai.

Les marchés anticipent déjà le fait que les créanciers obligataires senior, il y a peu encore considérés comme intouchables, auront à supporter une partie du coût d'un renflouement, après les actionnaires et les créanciers obligataires junior.

Cette perspective se traduit par une hausse des coûts de financement de certaines banques des pays "périphériques": le rendement des obligations à trois ans émises par Bank of Ireland a déjà augmenté de plus de 100 points de base, celui des obligations à cinq ans de Caixa Bank de plus de 50 points et celui de l'émission à cinq ans de Banco Espirito Santo de plus de 90 points. (Stefano Bernabei et Aimee Donnellan, Marc Angrand pour le service français, édité par Matthieu Protard)