Le Maroc a insisté jeudi pour que Marrakech accueille les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en octobre, malgré le récent tremblement de terre dévastateur, mais les deux institutions ne se sont pas engagées à respecter ce plan, ont déclaré trois personnes au fait de leurs délibérations.

Le FMI et la Banque mondiale sont toujours en train d'évaluer si les réunions du 9 au 15 octobre peuvent se tenir en toute sécurité à Marrakech, à seulement 72 kilomètres du site du tremblement de terre de magnitude 6,8 qui a tué plus de 2 900 personnes vendredi dernier.

Les réunions rassembleraient plus de 10 000 personnes dans l'ancien centre touristique, qui a subi quelques dégâts et qui est le principal vecteur des opérations de secours dans les zones les plus touchées par le tremblement de terre dans les montagnes du Haut Atlas.

Les responsables du FMI et de la Banque mondiale sont en train d'évaluer si les réunions pourraient entraver les efforts de redressement, ont déclaré les sources sous le couvert de l'anonymat car les délibérations sont privées.

D'autres considérations sont à prendre en compte : l'hébergement est-il sûr, les infrastructures de Marrakech peuvent-elles faire face à l'afflux de personnes et la capacité des hôpitaux est-elle suffisante pour faire face à toute éventualité, y compris d'autres tremblements de terre, ont déclaré ces personnes.

Le gouverneur de la banque centrale du Maroc, Abdellatif Jouahri, a déclaré jeudi, lors d'une conférence sur les banques centrales intitulée "Road to Marrakech", que les réunions auraient lieu comme prévu, ce qui constitue l'un des premiers commentaires officiels du gouvernement sur la question. Il a ajouté que cette conférence avait pour but de préparer les réunions.

Un porte-parole de l'ambassade du Maroc à Washington a également déclaré à Reuters dans un courriel : "J'ai le plaisir de vous informer que le gouvernement du Maroc tiendra sa réunion annuelle comme prévu malgré le tremblement de terre".

Ces commentaires représentent une forte pression de la part du pays nord-africain pour que le FMI et la Banque mondiale aillent de l'avant avec des réunions qui apporteront des revenus significatifs au Maroc et mettront en lumière sa résilience et ses politiques économiques solides à l'échelle mondiale.

Les institutions ont traditionnellement tenu leurs réunions annuelles tous les trois ans dans un pays membre, et les réunions de Marrakech ont déjà été retardées deux années de suite en raison du COVID-19.

Les porte-parole de la Banque mondiale et du FMI se sont refusés à tout commentaire, renvoyant les journalistes à une déclaration commune du 10 septembre exprimant leur solidarité et leur soutien financier au Maroc, ainsi que leur "volonté de soutenir le Maroc de la meilleure façon possible".

Les sources au fait des délibérations de la réunion ont indiqué que le site des réunions de Marrakech, un campus de structures temporaires et de grandes tentes dans la périphérie de la ville, ne semblait pas avoir été endommagé.

Un témoin de Reuters a vu que les tentes sur le site du FMI et de la Banque mondiale semblaient intactes. (Reportage d'Ahmed Eljechtimi à Marrakech et de David Lawder à Washington ; rédaction de Kevin Liffey et David Holmes)