En rythme annualisé, le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 1,6%, un repli qui vient après la contraction (révisée) de 7,3% enregistrée au deuxième trimestre, dans la foulée d'une hausse de la TVA entrée en vigueur le 1er avril.

Une récession se définit techniquement comme deux trimestres consécutifs de baisse du PIB.

Les économistes anticipaient en moyenne une hausse de 2,1% du PIB de la troisième puissance économique mondiale, mais la consommation et les exportations sont restées atones, lestant les entreprises de stocks importants.

Le Premier ministre Shinzo Abe a récemment déclaré que les données du PIB du troisième trimestre pèseraient lourd dans sa décision de reporter ou non une nouvelle hausse de la TVA, qui doit normalement intervenir en octobre 2015.

Après avoir été relevée de 5 à 8% le 1er avril, la taxe sur la consommation doit passer à 10% l'année prochaine. L'Etat japonais a besoin de rentrées fiscales supplémentaires pour contenir un endettement qui dépasse les 200% du PIB.

Le Premier ministre, qui rentre ce lundi d'une tournée d'une semaine l'ayant mené en Chine, au Myanmar et en Australie, va annoncer mardi sa décision sur les mesures économiques, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.

D'après les médias japonais, Shinzo Abe pourrait également faire une annonce sur des élections législatives anticipées, qui, selon des élus du parti liberal démocrate au pouvoir, pourraient être organisées le 14 décembre.

A en croire des experts, le Premier ministre veut profiter d'une cote de popularité encore relativement favorable pour renforcer sa position à la tête du pays. Cela lui permettra de poursuivre sa politique économique visant à sortir le Japon de deux décennies de déflation mais aussi d'affermir des orientations plus contestées, comme une prise de distance par rapport au pacifisme observé par le pays depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

ALLER DE L'AVANT AVEC L'"ABENOMICS"

"Ce ne sera pas une élection concernant la hausse de la TVA mais elle sera un moyen d'avoir le soutien nécessaire pour continuer sur la voie de l'Abenomics", a dit un responsable gouvernemental.

Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2012, Shinzo Abe s'est fixé comme objectif de faire remonter l'inflation à 2% via un mélange de politique monétaire ultra-accommodante et de mesures de relance budgétaire résumé par l'expression "Abenomics"

Ces mesures ont eu un effet immédiat avec un PIB en hausse de 4% en rythme annualisé sur les six premiers mois de 2013 et une Bourse de Tokyo qui a bondi de 56,7% l'an dernier.

Mais même avant le relèvement de la TVA d'avril dernier et le plongeon du PIB qui s'en est suivi, l'élan initié par la politique du gouvernement s'était essoufflé, conduisant ainsi début novembre la Banque du Japon à augmenter encore son programme massif de rachats d'actifs.

Selon un conseiller économique, l'ampleur du recul de l'économie japonaise est un "choc", appelant le gouvernement à envisager des mesures pour soutenir l'activité.

"Nous ne sommes pas dans une situation qui nous permet de discuter d'une hausse de la TVA. Le débat doit se concentrer sur les moyens de soutenir l'économie japonaise", a dit à Reuters Etsuro Honda, professeur à l'université de Shizuoka.

Le ministre de l'Economie Akira Amari a déclaré à la presse, à l'issue d'une réunion gouvernementale, qu'un ensemble de mesures de soutien à l'économie était probable mais dans le cadre d'une discipline budgétaire préservée.

L'une de ces mesures serait en faveur des ménages les plus modestes, dont le gouvernement cherche à stimuler les dépenses de consommation.

A la suite des données du PIB, la Bourse de Tokyo a fini en net recul de 2,96% lundi, sa plus forte baisse depuis le mois d'août. Le dollar de son côté a atteint un nouveau plus haut de sept ans face au yen.

Akira Amari a noté que les chiffres du PIB montraient que la hausse de la TVA du mois d'avril continuait de peser sur la consommation, avec une stagnation des dépenses des ménages et un recul des investissements des entreprises.

La consommation des ménages, qui pèse à hauteur de 60% du PIB japonais, a augmenté de 0,4% d'un trimestre à l'autre alors que les économistes avaient tablé sur une hausse de 0,8%.

D'un trimestre à l'autre, la troisième économie mondiale s'est contractée de 0,4% après un repli de 1,8% au deuxième trimestre et contre un consensus Reuters de 0,5%.

(Benoit van Overstraeten et Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Leika Kihara et Linda Sieg