Selon le Gifas, les ventes des entreprises françaises du secteur aéronautique ont totalisé 35,8 milliards d'euros l'an passé, un résultat en baisse de 2,2% à périmètre constant. La part des ventes à l'exportation s'élève à 21,8 milliards d'euros.

"2010 sera une année de transition, nous observons que le trafic aérien est tiré par les compagnies à bas coûts et par la croissance des pays émergents. D'autre part, les constructeurs se préparent à une remontée graduelle des cadences de production", a expliqué Jean-Paul Herteman, également président du directoire du groupe d'aéronautique, de défense et de sécurité Safran.

Airbus, la principale division du groupe européen EADS, envisage ainsi d'augmenter le rythme de fabrication de ses avions monocouloirs fin 2010. A partir du mois de décembre, le constructeur assemblera 36 avions de la famille A320 par mois contre 34 actuellement.

"Cette année, le chiffre d'affaires des entreprises françaises ne devrait pas être très différent de celui de 2009. Pour 2011, nous voyons un redémarrage mais nous restons prudents", a ajouté Jean-Paul Herteman.

Le dirigeant a souligné que les investissements industriels des entreprises aéronautiques sur le territoire français, en hausse de 2,8% en 2009 (à environ un milliard d'euros), étaient attendus en progression de 11,4% en 2010.

Pour autant, la principale menace pour le secteur aéronautique en France et en Europe, selon le Gifas, réside toujours dans l'évolution de la parité euro-dollar. Les ventes du secteur aéronautique sont libellées en dollars alors que la base de coûts des industriels européens est essentiellement en euros.

"La question des changes est véritablement stratégique pour notre industrie. Sur les trois dernières années, (la faiblesse du dollar) a représenté un manque à gagner de plus de quatre milliards d'euros pour l'ensemble de la profession", a fait valoir Jean-Paul Herteman.

Interrogé sur les conséquences des délocalisations de production en zone dollar, le patron de Safran a répondu:

"Notre industrie exporte 80% de son chiffre d'affaires, il est assez logique, ne serait-ce que pour accompagner nos clients, que nous ne produisions pas tout à partir du territoire national mais cette politique a des limites, sur le plan social et sur le plan stratégique, car notre industrie participe directement à la souveraineté."

Jean-Paul Herteman a également prévenu que l'industrie aéronautique européenne devait veiller à maintenir son avance technologique face aux pays émergents.

"Les grands émergents vont devenir des acteurs du secteur d'ici à quelques décennies, ils en ont la volonté, les capacités financières et humaines et ils représentent les premiers débouchés de l'industrie. Il ne sert à rien de nier cela, la seule réponse que nous pouvons apporter, c'est l'innovation technologique", a-t-il dit.

"D'ailleurs, l'année 2011 sera davantage liée à l'évolution macroéconomique des pays émergents qu'à celle de l'Europe ou des Etats-Unis même si les Etats-Unis demeurent une zone tout à fait majeure", a-t-il ajouté.

Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot