par Paolo Biondi et Gernot Heller

Lundi, le baril de brut texan s'inscrivait en net recul, sous 142 dollars le baril, reprenant son souffle après une course effrénée qui l'a vu grimper jusqu'à 145,85 dollars le baril la semaine dernière.

Si la plupart des analystes attribuent la hausse actuelle des prix des carburants à la combinaison d'un manque de capacités de raffinage, d'une hausse de la demande et de la faiblesse du dollar, le président du Conseil italien s'est dit persuadé que la spéculation porte également une part de responsabilité.

"Certains pensent que les prix du pétrole pourraient atteindre 200 dollars", a déclaré Silvio Berlusconi à des journalistes en marge du sommet du G8, qui réunit sur l'île d'Hokkaido les huit nations les plus riches du monde.

Le dirigeant italien a ajouté que son pays était favorable à un relèvement des dépôts exigés pour les opérateurs traitant sur les marchés à terme de pétrole, afin de limiter l'impact de la spéculation.

"C'est notre proposition et nous l'avons évoquée lors de nos rencontres bilatérales. Les Bourses devraient accroître les dépôts exigés sur les marchés à terme, qui sont à présent limités à 5%. Certains parlent de les porter à 50% mais nous n'en sommes qu'au début des discussions", a-t-il dit.

PRODUCTEURS ET PAYS ÉMERGENTS INTERPELLÉS

La hausse des prix de l'énergie occupe une place de choix dans l'ordre du jour du sommet du G8, qui réunit les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Canada, la Russie et l'Italie.

"Il faut étudier différentes mesures à prendre pour lutter contre la hausse des prix du pétrole", a déclaré de son côté la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse.

"L'une des questions qui se posent est de savoir comment combattre la spéculation. La deuxième est de savoir comment anticiper correctement l'accroissement de la demande, mais également comment anticiper correctement l'accroissement de la production", a-t-elle martelé.

Les dirigeants du Nigeria et d'Algérie - deux gros producteurs de pétrole - ont également été conviés au Japon, et un responsable canadien a déclaré qu'il leur fallait prendre en compte les risques que font courir sur l'économie les prix élevés de l'or noir.

"Ils réalisent qu'une responsabilité pèse sur les pays producteurs de pétrole. Ils doivent prendre en considération l'impact des prix élevés du pétrole sur les pays et sur le développement", a dit le Canadien.

Angela Merkel a ajouté qu'il fallait que les pays émergents soient associés à cette réflexion.

La Chine représente à elle seule près de la moitié de l'accroissement de la demande enregistrée l'année dernière.

"Nous allons devoir remettre cette question en tête de l'ordre du jour de nos prochaines rencontres avec la Chine, l'Inde, le Mexique, le Brésil et l'Afrique du Sud", a déclaré Merkel.

Lundi, la banque néerlandaise ING a jugé indiqué qu'il était loin d'être exclu que le baril atteigne 200 dollars avant la fin de l'année, et elle a estimé qu'un tel niveau devraient amorcer un recul de la demande et enclencher un repli des prix en 2009.

Version française Nicolas Delame