* Le Fonds a émis E1,501 milliard de nouveaux bons à six mois

* Le Japon garde sa confiance dans les obligations du FESF

* La Finlande dit ne pas souhaiter accroître ses garanties

* Regling, Van Rompuy jugent que le déclassement du FESF n'aura pas d'impact (Actualisé avec Van Rompuy, Finlande, détails de l'émission)

par Kevin Lim et Emily Kaiser

BERLIN/SINGAPOUR, 17 janvier (Reuters) - Le fonds d'urgence de la zone euro, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), a émis sans encombre mardi 1,5 milliard d'euros de papier à court terme au lendemain de son déclassement par Standard & Poor's, alors que plusieurs responsables ont minimisé les effets de la décision de S&P.

Le FESF a émis 1,501 milliard d'euros de bons à six mois, à un rendement moyen pondéré de 0,2664% et un taux de couverture 3,1. Le mois dernier, le FESF avait émis 1,97 milliard de bons à trois mois, une opération qui s'était caractérisé par un ratio de couverture de 3,2.

Cette émission intervenait un jour après que S&P a abaissé d'un cran la note de crédit du Fonds européen de stabilité financière à AA+ (voir ). Vendredi, l'agence avait fait de même avec la note souveraine de deux de ses principaux garants, la France et l'Autriche.

Le directeur général du FESF, Klaus Regling, a estimé que cet abaissement n'aurait guère d'impact sur les opérations de financement du fonds, sous réserve que les deux autres grandes agences de notation n'imitent pas S&P.

"Tant qu'il ne s'agit que d'une seule agence de notation, il n'y a pas vraiment besoin de faire quelque chose", a déclaré Klaus Regling à des journalistes, en visite à Singapour.

"C'était comme quand S&P avait abaissé la note des Etats-Unis, les autres n'ont pas suivi."

La décision de Standard & Poor's n'aura pas de conséquence sur la capacité du fonds, a pour sa part estimé le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.

Dans un communiqué publié lundi soir, Standard & Poor's a dit considérer que les obligations du FESF n'étaient plus totalement soutenues, que ce soit par des garanties de pays membres du fonds notés AAA ou par des valeurs mobilières notées AAA.

Le fonds a une capacité effective de prêt de 440 milliards d'euros, une puissance de tir qui dépend des garanties apportées principalement par les Etats notés AAA, ceux-ci n'étant désormais plus que quatre - l'Allemagne, le Luxembourg, la Finlande et les Pays-Bas - après la pertes des AAA français et autrichien.

La Finlande a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne voulait pas augmenter ses garanties au fonds.

L'IMPORTANCE DE L'ASIE

"Je ne crois pas nécessaire d'accroître la capacité de prêt du FESF et je ne crois pas non plus qu'il soit possible d'augmenter la contribution des pays notés triple A (...) C'est impossible", a affirmé le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen, cité mardi par le site du journal Keskisuomalainen.

"Les engagements de la Finlande ne seront pas augmentés ; c'est notre préalable depuis longtemps, et nous nous en tiendrons à ce principe", a dit de son côté le ministre des Finances Jutta Urpilainen.

Se voulant rassurant, Klaus Regling a souligné qu'il n'avait aucune difficulté à trouver des candidats aux émissions du Fonds, même si les investisseurs asiatiques avaient été un peu plus réticents pour sa dernière opération réalisée début janvier.

Les investisseurs asiatiques ont souscrit environ 25% de cette émission, une part en baisse par rapport aux 40% constatés lors des opérations précédentes, a précisé le directeur général du FESF.

"Il faudra voir si c'était un cas particulier ou une nouvelle tendance", a-t-il dit.

L'Asie détient une majorité écrasante des réserves de change mondiales, d'où l'importance pour le FESF de continuer à attirer une forte demande de la région.

Le ministre japonais des Finances a déclaré de son côté que Tokyo continuait à accorder toute sa confiance aux obligations du FESF qui, a-t-il dit, restent attrayantes.

"Le Japon en a acheté un certain volume (de titres du FESF)et notre position n'a pas changé uniquement à cause de la dégradation", a souligné Jun Azumi.

Par ailleurs, Klaus Regling s'est montré confiant dans le fait que le Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à remplacer le FESF, serait opérationnel en juillet malgré les désaccords sur quelques points de détail. Les 17 membres de la zone euro doivent approuver le futur MES.

"La probabilité que tout soit en place d'ici juillet est très élevée", a-t-il ajouté.

Le FESF a été mis en place par les 17 gouvernements de la zone euro en mai 2010 et a été utilisé jusqu'à ici pour accorder des prêts d'urgence à l'Irlande et au Portugal. Il devrait également contribuer à un second plan de soutien à la Grèce.

Le directeur général du FESF a exclu la possibilité d'un éclatement de la zone euro.

"Aucun pays ne sera forcé de quitter la zone euro", a-t-il dit. "Nous sommes une famille (...)."

Tableau de l'adjudication : (Benoit Van Overstraeten, Juliette Rouillon et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean Décotte)