NATIONS UNIES, 28 janvier (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a réclamé lundi la fin du versement de rançons aux groupes extrémistes qui ont accumulé des dizaines de millions de dollars en contrepartie de la libérations d'otages.

Bien que les Etats se soient déjà engagés à ne plus verser de rançons en vertu d'une résolution adoptée en 2001, le projet présenté lundi par les Britanniques a pour objectif d'accentuer la pression afin que cette pratique cesse.

"Nous estimons qu'au cours des trois ans et demi passés, les groupes liés à Al Qaïda et à d'autres mouvements extrémistes ont engrangé au moins 105 millions de dollars", a déclaré à la presse l'ambassadeur britannique aux Nations unies Mark Lyall.

"C'est pourquoi il est primordial de prendre les mesures qui garantiront que la prise d'otage ne puisse plus être perçue comme une activité lucrative et tarir ainsi une source de financement du terrorisme."

Selon des évaluations des Etats-Unis, les groupes d'activistes ont reçu 120 millions de dollars au cours des dix dernières années. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne assurent qu'ils ne versent pas de rançons, contrairement à certains Etats européens.

"Les preneurs d'otages qui cherchent des rançons font une distinction entre les gouvernements qui en versent et ceux qui ne le font pas et ils évitent de prendre des otages provenant des pays qui refusent de faire des concessions", a déclaré Samantha Power, ambassadrice américaine aux Nations unies.

"Chaque rançon payée à une organisation terroriste favorise de nouveaux enlèvements."

La résolution, qui sera dénuée d'effet contraignant, prévoit que les pays membres s'engagent "à empêcher les terroristes de bénéficier directement ou indirectement du versement des rançons ou de concessions politiques et garantir la libération des otages en toute sécurité."

Le président français François Hollande a déclaré par le passé que Paris avait mis fin à la pratique du versement des rançons, mais des doutes subsistent sur la traduction de cet engagement dans les faits ce qui a provoqué quelques tensions entre la France et les Etats-Unis.

La France a réfuté l'année dernière les allégations d'un ancien diplomate américain qui affirmait que Paris avait versé, en vain, 17 millions de dollars afin de faciliter la libération de trois otages enlevés au Niger en 2010.

Un rapport confidentiel du gouvernement nigérian, que Reuters a pu consulter, indique que la secte islamiste Boko Haram a reçu l'équivalent de 3,15 millions de dollars de la part des autorités françaises et camerounaises avait la libération en avril dernier de sept otages français. (Michell Nichols, Nicolas Delame pour le service français)