Paris et ses alliés européens ont retiré des milliers de soldats luttant contre les militants islamistes au Mali voisin au début de l'année, les relations s'étant détériorées avec la junte militaire après qu'elle ait conclu un accord avec Wagner, dont le personnel est composé de vétérans de l'armée russe, pour opérer dans le pays.

S'adressant aux journalistes aux côtés du secrétaire d'État américain Antony Blinken mercredi, le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, a allégué que le Burkina Faso avait engagé les mercenaires.

"Aujourd'hui, des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a maintenant conclu un arrangement pour aller de pair avec le Mali en employant les forces Wagner là-bas", a-t-il déclaré.

"Je crois qu'une mine dans le sud du Burkina leur a été attribuée en guise de paiement pour leurs services. Le Premier ministre du Burkina Faso s'est rendu à Moscou ces dix derniers jours. Et le fait qu'ils opèrent à notre frontière nord est particulièrement pénible pour nous au Ghana."

Reuters n'a pas pu confirmer immédiatement l'information.

Les responsables du Burkina Faso n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

Dans une réponse attribuée au fondateur de Wagner, Yevgeny Prigozhin, celui-ci n'a pas abordé directement les préoccupations du Ghana.

Mais il a accusé les gouvernements occidentaux, leurs services de renseignement, y compris la CIA, et les missions armées des Nations Unies de commettre certains des délits dont Wagner a été accusé en Afrique, notamment de posséder de vastes ressources minérales, de pratiquer l'exploitation minière illégale et d'organiser des coups d'État.

"Wagner doit être invulnérable pour protéger ceux que les faucons occidentaux tentent d'humilier, de voler ou de détruire", a-t-il déclaré.

La France a été particulièrement irritée par le rôle de Wagner au Mali, mais aussi en République centrafricaine et au Mozambique.

Lorsqu'on lui a demandé si la France pouvait corroborer les propos d'Akufo-Addo, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a déclaré lors d'une conférence de presse que Paris et ses partenaires européens restaient disponibles pour coopérer avec les autorités burkinabées si elles le souhaitaient et sans ambiguïté dans ce qu'elle a décrit comme une "situation sécuritaire et humanitaire qui se dégrade".

"S'agissant de Wagner, notre message est connu, Wagner s'est distingué en Afrique par une politique de prédation, une politique de pillage, qui porte atteinte à la souveraineté des Etats", a-t-elle déclaré.

"La milice de Wagner s'est notamment distinguée au Mozambique, en République centrafricaine et au Mali ; cela est évidemment connu des autorités burkinabè."

Par le passé, Wagner n'a pas répondu publiquement à de telles allégations.

M. Legendre a refusé de préciser si Paris était au courant d'un accord.

Le Burkina Faso n'a pas dit publiquement qu'il envisagerait d'engager des mercenaires de Wagner. En octobre, un haut fonctionnaire américain a déclaré que le président intérimaire du pays, Ibrahim Traoré, avait assuré aux diplomates américains qu'il n'inviterait pas Wagner dans le pays.

Une source diplomatique européenne a déclaré à Reuters que le bloc était au courant des contacts entre le Burkina et Wagner, mais ne pouvait pas confirmer si un accord avait été conclu.