NEW YORK (Reuters) - Le groupe cimentier français Lafarge a plaidé coupable mardi devant un tribunal fédéral américain des accusations liées à des paiements à des groupes considérés comme terroristes par les Etats-Unis, parmi lesquels l'Etat islamique (EI), montre le compte rendu de l'audience.

Cette reconnaissance de culpabilité est la première exprimée par une entreprise devant la justice américaine concernant des accusations de soutien matériel à une organisation terroriste.

Lafarge, intégré depuis les faits au groupe suisse Holcim, avec lequel il a fusionné en 2015, a par ailleurs été mis en examen en France en mai dernier pour "complicité de crime contre l'humanité", pour avoir maintenu en activité une cimenterie en Syrie après l'éclatement de la guerre en 2011.

Aux Etats-Unis, en plus de sa reconnaissance de culpabilité, la société a accepté la confiscation de 687 millions de dollars (699 millions d'euros) et une amende de 90 millions de dollars.

Le cimentier avait auparavant reconnu, au terme d'une enquête interne, que sa filiale syrienne avait rémunéré des groupes armés pour assurer la protection du personnel de la cimenterie laissée en activité mais il avait rejeté les accusations de complicité de crimes contre l'humanité.

Entre août 2013 et novembre 2014, a déclaré devant le tribunal américain Magali Anderson, l'une des membres du comité exécutif d'Holcim, plusieurs cadres ont "accepté en connaissance de cause et volontairement de participer à une association de malfaiteurs pour effectuer et autoriser des paiements destinés à bénéficier à différents groupes armés en Syrie".

"Les personnes responsables de ces actes ont quitté l'entreprise depuis au moins 2017", a-t-elle précisé.

Holcim a publié un communiqué soulignant qu'aucun des faits concernés par le dossier n'impliquait Holcim "qui n'a jamais opéré en Syrie, ni des activités ou des salariés de Lafarge aux Etats-Unis".

Plusieurs organisations non-gouvernementales françaises avaient accusé en 2017 Lafarge d'avoir versé 13 millions d'euros à des groupes armés, dont des membres de l'EI, pour pouvoir poursuivre ses activités en Syrie de 2011 à 2015.

(Reportage Luc Cohen à New York et Karen Freifeld;, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)

par Luc Cohen et Karen Freifeld