par Marcin Grajewski

La France a été la seule des quatre premières économies de la zone euro à afficher une croissance sur les trois derniers mois de l'an dernier, faisant même mieux que prévu grâce à la résistance de la consommation des ménages.

L'Espagne et l'Italie ont vu leur activité se contracter, de même que la Grèce où le recul du produit intérieur brut s'est accentué.

Pour l'ensemble des 16 pays composant la zone euro, le PIB est ressorti en hausse de 0,1% au quatrième trimestre par rapport aux trois mois précédents, après une progression de 0,4% au troisième trimestre. En glissement annuel, il s'est contracté de 2,1%, a annoncé l'office européen de la statistique Eurostat.

Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une croissance plus forte de 0,3% sur le trimestre et s'attendaient à un recul de 1,9% seulement sur un an.

Sans la contribution de la France, le PIB de la zone euro aurait affiché une contraction de 0,4% au dernier trimestre de 2009, selon un calcul réalisé par Gilles Moec, économiste de Deutsche Bank.

Sur l'ensemble de l'année 2009, le PIB de la zone euro s'est contracté de 4%.

La faiblesse des chiffres du PIB dans la zone euro est en partie imputable aux données en provenance d'Allemagne, où l'activité a stagné. Le PIB est ressorti inchangé d'un trimestre sur l'autre, après une progression de 0,7% en juillet-septembre, alors que les économistes tablaient sur une hausse de 0,2%.

Par rapport au quatrième trimestre 2008, l'Allemagne affiche cependant une contraction d'activité de 1,7%, ce qui est nettement moins que le recul de 2,2% attendu.

La France, deuxième économie de la zone euro, a au contraire signé une croissance de 0,6% au cours des trois derniers mois de 2009, soutenue par la consommation et les stocks, alors que les analystes et la Banque de France tablaient sur une hausse de 0,5% seulement.

Le PIB italien s'est quant à lui contracté de 0,2% d'un trimestre sur l'autre après avoir progressé de 0,6% au troisième trimestre, et alors que les économistes attendaient une croissance de 0,1%.

ESPAGNE ET GRÈCE RESTENT EN RÉCESSION

Au Portugal, l'activité a stagné.

Jeudi, l'Espagne a fait état d'une baisse de 0,1% de son activité au quatrième trimestre en rythme séquentiel, confirmant que la quatrième économie de la zone euro restait en récession.

Quant à la Grèce, présentée comme le maillon faible de la zone euro en raison de la crise de sa dette, elle affiche une contraction de 0,8% de son PIB au quatrième trimestre. La révision à la baisse des trois trimestres précédents suggère en outre une sévère récession en Grèce.

Ces disparités risquent de compliquer encore la prise des décisions de politique monétaire de la Banque centrale européenne qui a commencé à déboucler une partie des mesures de soutien mises en place durant la crise financière.

"La fragilité de la reprise signifie que les gouvernements et la BCE doivent être attentifs au calendrier du retrait de mesures de soutien, qui ne doit être ni trop rapide ni trop agressif", souligne Howard Archer, économiste de Global Insight.

"Cela conforte notre analyse selon laquelle la BCE maintiendra ses taux d'intérêt à 1% jusqu'à la fin de 2010 et qu'elle pourrait même retarder à 2011 tout relèvement."

Les analystes soulignent que la reprise économique dans la zone euro est menacée par le maintien du chômage à des niveaux élevés, qui limite les marges de manoeuvre. Le taux de chômage a atteint 10% de la population active en décembre dans la zone euro, son niveau le plus élevé depuis août 1998.

"Il semble probable que les dépenses des consommateurs et des entreprises ont continué de se contracter, même si cela a été éclipsé par des contributions positives des exportations nettes, des stocks et des dépenses publiques", estime Nick Kounis, économiste de Fortis.

"La reprise dans la zone euro se poursuit, mais au rythme d'un escargot."

Dans un contexte où la croissance dépend largement des plans de relance, la détérioration des finances publiques dans de nombreux pays rend de plus en plus nerveux les investisseurs sur les marchés de taux. D'où l'accueil sceptique réservé à l'unité affichée jeudi vis-à-vis de la Grèce à l'issue du sommet européen, dans l'attente des modalités du soutien à Athènes la semaine prochaine.

Nicolas Delame pour le service français, édité par Dominique Rodriguez