DUBAI, 11 octobre (Reuters) - De nouveaux heurts ont éclaté mardi entre manifestants et forces de sécurité en Iran, alors que selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des chars ont été acheminés au Kurdistan iranien, région natale de Mahsa Amini dont la mort en détention a provoqué une immense vague de colère.

Défié comme jamais il ne l'avait été depuis la révolution islamique de 1979, les manifestants appelant à la chute du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, le régime a réagi comme il le fait à chaque fois qu'il est contesté : par la répression.

Selon les organisations des droits de l'homme, au moins 185 personnes, dont 19 enfants, ont été tuées par les forces de sécurité depuis les premières manifestations le 17 septembre, au lendemain de la mort de Mahsa Amini, qui avait été arrêtée pour le port d'un voile non réglementaire. Des centaines d'autres ont été blessées et des milliers arrêtées.

Selon le gouvernement iranien, une vingtaine de membres des forces de sécurité ont été tués.

Le mouvement de contestation s'est étendu lundi soir au secteur de l'énergie, vital pour l'économie du pays malgré les sanctions internationales, notamment à la raffinerie d'Abadan selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux dont Reuters n'a pas pu confirmer l'authenticité.

L'agence officielle iranienne Irna a démenti mardi toute perturbation à la raffinerie d'Abadan, dans le sud-ouest du pays, assurant que l'activité est normale.

Elle n'a pas fait de commentaire sur les usines pétrochimiques de Kangan et Bushehr, où des grèves et des manifestations auraient aussi éclaté. Un responsable régional a affirmé qu'elles étaient liées à des revendications salariales que des manifestants ont tenté de détourner.

La tension est particulièrement vive dans le nord du pays, dans la région d'origine de la minorité kurde qui se sent depuis longtemps marginalisée.

Selon une organisation de défense des droits de l'homme locale, Hengaw, les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des habitations lundi dans la ville de Sanandaj.

Le gouvernement iranien a imputé la violence à des dissidents kurdes dont des bases en Irak ont été bombardées à plusieurs reprises par les Gardiens de la révolution, l'unité d'élite du régime. (Bureau de Dubaï, rédigé par Michael Georgy, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)