PARIS, 16 novembre (Reuters) - La réforme de la gouvernance de l'assurance chômage n'est pas un "but en soi" mais le futur dispositif nécessitera une évolution du mode de gestion, déclare dans un entretien à Reuters Muriel Pénicaud, qui s'en remet aux partenaires sociaux.

"On n'a pas l'intention de réformer le coeur du système. Le coeur du système, c'est les durées, les taux d'indemnisation qui sont négociés par les partenaires sociaux", souligne la ministre du Travail à propos du chantier de l'Unédic, qui sera lancé à la fin du mois.

Le gouvernement prévoit d'ouvrir le dispositif d'assurance chômage aux indépendants et, une fois tous les cinq ans, aux démissionnaires. Cette réforme imposerait une refonte de la gouvernance du régime, géré paritairement par les syndicats et le patronat.

Emmanuel Macron avait évoqué durant la campagne présidentielle une gestion tripartite sous l'égide de l'Etat, une perspective qui inquiète les partenaires sociaux.

"La gouvernance n'est pas un but en soi, mais on va dire aux partenaires sociaux, 'il faut traiter de ces sujets-là'. Pour traiter ces sujets-là, comment on s'organise?", déclare Muriel Pénicaud.

"Si on va vers les indépendants, ce n'est pas du ressort des partenaires sociaux, donc comment on fait? (...) On leur a juste dit: 'On n'exclut pas de changer la gouvernance s'il le faut pour résoudre les problèmes'", précise-t-elle prudemment.

Le coût de 8 à 14 milliards d'euros avancé par Les Echos, qui disent se fonder sur des estimations du ministère du Travail pour la première année de la réforme, n'est pas réaliste, affirme la ministre.

Selon elle, ces chiffres sont valables "si tous les salariés, tous les ans, pouvaient démissionner et qu'on les prenait à charge comme les chômeurs actuels".

"C'est ce que j'appelle fantaisiste, ça n'aurait pas de sens."

Les critères pour bénéficier du dispositif restent donc encore à établir. Dans l'interview qu'il avait accordée à TF1 et LCI en octobre, Emmanuel Macron avait déjà commencé à limiter cette mesure aux démissionnaires qui avaient un "projet".

Pour la ministre, cette mesure, qui prévoit aussi un meilleur contrôle des bénéficiaires et un système de bonus malus pour les entreprises qui ont trop souvent recours aux CDD, a encore tout son sens.

"Aujourd'hui un salarié qui prend le risque entrepreneurial, s'il échoue, il n'a plus d'assurance chômage. Or, demain on va être salarié une partie de sa vie, micro-entrepreneur, ou auto-entrepreneur à un autre moment", explique-t-elle.

"Il faut qu'on évolue vers un dispositif où les droits sont attachés à la personne et non plus au statut."

Selon elle, "l'intérêt des entreprises, ce n'est pas d'avoir des gens qui restent chez eux parce qu'ils n'ont pas le choix".

"Donner cette liberté-là, ce n'est pas nécessairement mauvais pour le marché du travail, c'est de la souplesse aussi", ajoute-t-elle. (Caroline Pailliez, édité par Sophie Louet)