Que sont les fractions d’actions au juste ? 

Certaines plateformes de trading en ligne proposent d’investir dans des fractions d’actions, notamment des actions de grandes sociétés technologiques américaines à la valeur unitaire élevée (plusieurs milliers de dollars). L’idée, visant à populariser l’investissement en bourse auprès de particuliers ayant des “moyens limités” pour constituer un portefeuille, a de quoi séduire. Mais ces offres n’expliquent pas toujours très clairement ce dans quoi vous investissez. Regardons ça de plus près. 

Sous l’appellation « fractions d’actions », il existe en réalité plusieurs types d'offres sur le marché et il est important de bien lire la documentation commerciale et réglementaire pour comprendre ce que l’on vous propose d’acheter. 

Les questions à vous poser impérativement sont donc : 

  • Quelle est la nature exacte de ce produit, est-ce que je la comprends ? 
  • Quels sont mes droits et notamment, suis-je propriétaire du titre ?

Les gentils : Certaines offres permettent d’acheter réellement des fractions d’actions, notamment par le biais d’un programme d’investissement mensuel, et de regrouper automatiquement les fractions en actions « entières » dès que possible. Il s’agit alors, ni plus ni moins, d’un investissement en actions (c’est le cas de Trade Republic par exemple). Mais vous devez vous assurer de bien comprendre les règles de groupement des fractions d’actions.

Les méchants : D’autres offres sont en réalité des titres financiers ou des contrats financiers (produits dérivés) dont la valeur fluctue en fonction de l’évolution du prix de l’actif sous-jacent, c’est-à-dire de l’action dont vous croyez acheter une fraction. Vous n’êtes pas détenteur de l’action mais seulement d’un instrument financier répliquant la performance de cette action. Vous êtes en fait créancier de l’émetteur de cet instrument financier. 

On va pas se mentir, la quasi-totalité des services de courtage qui vous proposent des fractions d’actions font partie de la deuxième catégorie. Ils vous vendent des produits dérivés ou des certificats. Vous n’êtes pas propriétaire et ne pouvez donc pas prendre des décisions d’actionnaires. Vos droits sont réduits, et votre risque augmente. Vous êtes en effet liés au contrat avec cet émetteur, il n’a de valeur seulement tant que votre émetteur est en vie et reconnaît l'existence de ce contrat. 

Même si les fractions d’actions permettent sur le papier d’offrir l’accès à de nombreuses entreprises dont les parts sont trop élevées pour beaucoup de particuliers souhaitant investir en bourse, il faut rester vigilant quant à ce qu’on vous propose réellement. Ceux qui n’avaient pas vu ces subtilités peuvent finalement se demander quelle est la différence avec un stock split. 

Quelle est la différence avec un stock split ? 

Il arrive que la société cotée décide elle-même de diviser ses actions (par 2, par 4, par 10, par 100, etc) quand la valeur unitaire devient trop élevée pour rester accessible au grand public. Je pense notamment à Amazon qui vient de spliter récemment son action en 20 passant de 2460$ à 123$, ou Alphabet qui va le faire en juillet 2022 dont le cours actuel est à 2342$. Elle procède alors à un « stock split », une division de la valeur dite « nominale » de l'action : une division par 10 revient à multiplier par 10 le nombre d'actions en circulation. Le jour de l'opération, le cours est mécaniquement divisé par 10 : vous avez 10 fois plus d'actions qu'avant mais la valeur de votre portefeuille n'a pas varié et vous possédez proportionnellement les mêmes droits (vote et dividende). Cette opération sur un titre est totalement indépendante des actions fractionnées. 

Voilà, vous en savez à présent (peut -être) un peu plus sur le fractionnement d’actions et la différence avec un split.