par Simon Jessop

LONDRES, 16 novembre (Reuters) - Le probable rejet du référendum constitutionnel italien début décembre provoquera un mouvement de dégagement sur la dette souveraine italienne, a prévenu mercredi le fondateur et gérant du fonds spéculatif sur le crédit LNG Capital qui envisage aussi de constituer des positions vendeuses sur la dette souveraine française.

Louis Gargour, dont le fonds a des actifs de 100 millions de dollars investis sur plusieurs stratégies ciblant les marchés européens, estime à 55% la probabilité que le président du Conseil italien Matteo Renzi perde le référendum constitutionnel qui sera soumis aux électeurs transalpins le 4 décembre.

"Je pense que le vote sera négatif. Il n'obtiendra pas les nouvelles réformes qu'il veut. Si Renzi perd le référendum, nous pensons que la dette souveraine italienne va connaître une très importante correction" et que l'écart de rendement à dix ans avec le dette souveraine allemande, considérée comme la plus sûre de la zone euro, augmentera de 30 à 40 points de base supplémentaires, a-t-il dit.

"Je pense me positionner à la vente dans un avenir proche. Nous essayons de profiter du rally que nous avons constaté au cours des derniers jours pour le faire."

L'incertitude entourant l'issue du référendum s'est traduite par une hausse du spread entre le rendement à 10 ans de la dette italienne et celui de la dette allemande de même échéance, passé d'un peu plus de 100 points de base à 160 actuellement, montrent des données de Thomson Reuters.

Avec une restructuration du secteur bancaire italien encore à venir, Gargour estime qu'il est trop tôt pour s'intéresser à la dette des banques du pays.

"Nous continuons de rester à l'écart des banques européennes parce que nous n'avons pas constaté de restructuration appropriée. Nous sommes très inquiets sur l'Italie", a-t-il poursuivi, citant l'exemple de Monte dei Paschi qui a récemment annoncé un plan de conversion de dette en actions vital pour sa survie.

"Monte dei Paschi est un gros trou et nous pensons que le gouvernement n'a pas isolé la 'good bank' et la 'bad bank' comme cela s'est fait en Espagne et dans d'autres pays", a souligné Gargour, en référence aux opérations de cantonnement d'actifs non performants réalisés dans plusieurs pays européens pour assainir le système bancaire.

La montée des populismes en Europe, dont Renzi pourrait faire les frais, est susceptible de perturber plusieurs autres grands rendez-vous électoraux l'année prochaine, notamment en France. Et Gargour envisage aussi de se positionner à la vente sur la dette souveraine française.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)