Tokyo (awp/afp) - Avec une croissance économique plus forte qu'évalué précédemment au quatrième trimestre 2017, le Japon confirme qu'il vit sa plus longue période d'expansion depuis la bulle immobilière et financière de la fin des années 1980, mais des incertitudes demeurent pour 2018.

Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4% entre octobre et décembre, contre un précédent chiffre provisoire de +0,1%, selon des données publiées jeudi par le gouvernement japonais, une performance supérieure aux attentes des économistes compilées par l'agence Bloomberg (+0,2%).

Le dynamisme des investissements des entreprises explique l'essentiel de cette révision. Ils sont en hausse de 1% contre 0,7% lors de la première estimation du PIB publiée mi-février, tandis que l'apport du commerce extérieur est resté quasi-nul sur la période.

"En plus de la révision à la hausse de l'investissement des entreprises, l'ajustement des stocks est meilleur qu'attendu, et c'est un facteur positif pour l'économie", a indiqué à l'AFP Taro Saito, économiste au NLI Research Institute.

Sur l'ensemble de l'année 2017, l'économie japonaise a ainsi dégagé une croissance de 1,7% (après 0,9% en 2016).

Mi-février, lors de la publication de la première évaluation de la croissance du dernier trimestre 2017, le ministre de l'Economie Toshimitsu Motegi s'était déjà félicité d'une expansion économique "solide".

La troisième économie mondiale profite notamment d'une conjoncture internationale favorable et de l'effet de la stratégie de relance "abenomics" mise en place depuis 2012 par le Premier ministre Shinzo Abe.

- yen, salaires et protectionnisme -

Si, selon les analystes, la croissance devrait se poursuivre en ce début de 2018, notamment grâce aux exportations, l'année a toutefois débuté sous des auspices mitigés, avec une forte baisse du chômage en janvier mais une contraction de la production industrielle et des inquiétudes sur le niveau du yen.

Le taux de chômage est tombé à 2,4% de la population active en janvier, son niveau le plus bas depuis 25 ans, un chiffre qui a réveillé l'espoir de voir les salaires décoller afin de stimuler la consommation et de tirer la croissance économique.

Sur ce point, les résultats ne sont pour l'instant pas vraiment au rendez-vous. Au dernier trimestre de 2017, la consommation des ménages a rebondi de +0,5%, une progression inchangée par rapport à la précédente estimation, mais elle a légèrement reculé en décembre.

Le gouvernement doit publier vendredi les données de janvier mais "les salaires n'augmentant pas tellement, cela rend peu probable une hausse des dépenses des ménages" a jugé Takashi Shiono, économiste chez Crédit suisse, cité par l'agence Bloomberg News.

En conséquence, "à l'avenir, je pense que nous devrions voir un ralentissement de la croissance économique", a-t-il prévenu.

Les analystes de Barclays ont la même appréciation: "la croissance devrait ralentir au premier trimestre 2018 par rapport au dernier trimestre 2017 du fait d'une baisse de l'investissement dans l'immobilier et une moindre consommation à cause d'une météo froide", ont-ils jugé dans une note.

A cela s'ajoute la dépendance de l'économie nippone au niveau du yen, qui s'est récemment renforcé par rapport au dollar, pénalisant les entreprises exportatrices japonaises.

"Un yen fort est un risque pour les profits des entreprises et pourrait refroidir leur moral comme celui des consommateurs", selon Takashi Shiono, d'autant que les craintes subsistent sur de futures mesures protectionnistes aux Etats-Unis, notamment dans le secteur de l'acier et de l'aluminium.

C'est dans ce contexte que la Banque du Japon se réunit jeudi et vendredi pour évaluer sa politique monétaire. Les analystes ne s'attendent pas à une inflexion significative, le gouverneur de la BoJ ayant redit récemment sa détermination à lutter contre la déflation qui sévit dans le pays.

Les prix hors produits frais n'ont augmenté que de 0,9% en janvier sur un an, alors que l'institution vise une hausse de 2%, en espérant y parvenir aux alentours de 2019.

afp/rp