Le produit intérieur brut de la deuxième économie mondiale a crû de 8,1% en rythme annuel sur les trois premiers mois de l'année, contre 8,9% au trimestre précédent, selon les chiffres du Bureau national de la statistique. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient une croissance de 8,3%.

Il faut remonter au deuxième trimestre 2009 pour retrouver une croissance aussi faible. A l'époque, les autorités chinoises avaient engagé un plan de relance de 4.000 milliards de yuans (483 milliards d'euros) pour endiguer la propagation de la crise financière mondiale.

La Bourse chinoise a progressé vendredi en dépit de ce chiffre apparemment décevant, dopée par l'espoir de nouvelles mesures de soutien, qu'il s'agisse d'un assouplissement des conditions du crédit ou d'une augmentation de la dépense publique.

Mais Pékin avait pris les devants dès l'automne dernier en abaissant le taux des réserves obligatoires des banques de 100 points de base, ce qui s'est traduit par une augmentation d'environ 800 milliards de yuans (97 milliards d'euros environ) des capacités de prêt du système bancaire.

La forte hausse des nouveaux crédits en mars - un bond de 25%, à 1.010 milliards de yuans - montre que la mesure porte ses fruits.

"La politique a déjà été assouplie. Il n'y a certes pas eu de baisse des taux d'intérêt, ni tant de baisses du taux des réserves que cela, mais au vu de la bonne surprise des nouveaux crédits, il semble que la politique ait déjà été suffisamment assouplie", a commenté Zhang Zhiwei, chef économiste Chine de Nomura à Hong Kong.

Cet observateur était il y a quelques mois l'un des plus pessimistes sur les perspectives de croissance de la Chine pour 2012.

Et il n'est pas le seul à modifier son jugement désormais.

RELANCE MASSIVE PEU PROBABLE

"Nous avions pris en compte dès le premier trimestre la totalité des nouvelles les plus mauvaises et la situation n'est pas si terrible que cela; il y a donc un potentiel de révision à la hausse de nos prévisions", explique ainsi Ren Xianfang, analyste senior d'IHS Global Insight à Pékin.

A l'inverse, plusieurs économistes mettent en garde ceux qui espèreraient un nouveau plan de relance massif.

"Il ne faut plus s'attendre à un nouveau déclencheur ou à un nouvel assouplissement de la politique: la croissance du crédit va se traduire par un rebond de l'investissement et de la croissance du PIB au deuxième trimestre", expliquent les analystes d'UBS dans une note.

Les derniers chiffres de la production industrielle et des ventes au détail, publiés également vendredi, suggèrent également une nouvelle accélération de l'activité.

Pour autant, le consensus des prévisions des économistes privés, à 8,4%, suggère que la croissance 2012 de la Chine sera la plus faible depuis 2002, donc que les mesures prises par Pékin permettront d'amortir le mouvement de ralentissement, mais pas de l'interrompre.

Les pouvoirs publics ont déjà révisé à la baisse le mois dernier leur prévision officielle pour cette année, à 7,5%, au plus bas depuis huit ans, un objectif qui doit permettre d'appliquer des réformes structurelles, notamment en matière de prix administrés, sans risquer de provoquer une flambée de l'inflation.

Le Premier ministre Wen Jiabao a répété vendredi que la politique économique serait ajustée en temps voulu, que les tensions inflationnistes étaient orientées à la hausse et que les mesures de lutte contre la spéculation immobilière resteraient fermement appliquées.

L'investissement immobilier a représenté environ 13% du PIB chinois en 2011 et le secteur influence directement l'activité de plus de 40 industries différentes.

Assouplir la régulation immobilière serait donc la méthode la plus efficace pour doper rapidement l'activité économique dans la République populaire, d'autant que le ralentissement de la croissance mondiale freine les exportations, autre moteur du

PIB.

Avec Aileen Wang et Koh Gui Qing, Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Nick Edwards