Trois jours après la dégradation du AAA français par Standard & Poor's, sa concurrente Moody's a répété qu'elle examinait la perspective stable de la note française et qu'elle actualiserait les notes des pays européens au premier trimestre.

Moody's souligne que "les perspectives de croissance en France et à l'international présentent des risques significatifs pour les plans de consolidation du gouvernement français".

Elle salue les plans d'austérité d'août et novembre mais souligne que "la perspective de croissance économique et la crise de la dette européenne (...) sont toutes deux hors du contrôle entier du gouvernement".

Les économistes et les institutions internationales sont divisés sur une entrée imminente de la France en récession - la Banque de France continuant par exemple d'attendre une croissance nulle au quatrième trimestre 2011 - mais tous s'attendent à un net ralentissement.

Après avoir multiplié les annonces sur le front budgétaire, le gouvernement a choisi de se concentrer sur l'économie et l'emploi.

"Notre priorité est d'augmenter la croissance potentielle de notre pays", a déclaré lundi la ministre du Budget Valérie Pécresse.

OBJECTIF CROISSANCE

Pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises, le gouvernement a confirmé sa volonté d'augmenter la TVA tout en baissant les charges sociales après la rencontre avec les partenaires sociaux ce mercredi à l'Elysée.

"La décision de Standard & Poor's rend ce rendez-vous plus pertinent que jamais. Il faut faire maintenant les réformes de compétitivité", a déclaré le Premier ministre François Fillon.

Le gouvernement veut améliorer la formation des chômeurs, assouplir les règles du chômage partiel et réformer le droit du travail pour permettre la signature dans les entreprises d'accords "compétitivité-emploi" pour ajuster les salaires et le temps de travail en fonction de la conjoncture économique.

Nicolas Sarkozy a promis des annonces rapides aux Français .

"Je leur dirai les décisions importantes qu'il nous faut prendre sans perdre de temps", a-t-il déclaré dimanche.

"Cette crise permettra de prendre des décisions rapidement parce que la situation l'impose, décisions que nous n'aurions pas pu prendre si nous n'étions pas face à ces responsabilités telles que nous les connaissons aujourd'hui."

Les syndicats ont pour la plupart condamné la précipitation du chef de l'Etat à trois mois de l'élection présidentielle et la direction dans laquelle il souhaite réformer.

"Nous n'acceptons pas ce paysage de départ qui consiste à chercher à nous convaincre que nous coûtons trop cher", a déclaré lundi le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

S&P évoque plusieurs fois la croissance parmi les facteurs pouvant entraîner un nouvel abaissement de la note française.

"Si la croissance économique de la France pour 2012 et 2013 se révélait inférieure aux prévisions actuelles du gouvernement (respectivement de 1% et 2%), les mesures budgétaires annoncées à ce jour pourraient s'avérer insuffisantes pour atteindre les objectifs de réduction des déficits", écrit l'agence.

"Si la croissance économique devait demeurer faible sur une période longue, cela pourrait conduire à une dégradation d'un cran de la note", ajoute-t-elle.

L'analyste crédit de S&P, Moritz Krämer, a estimé la probabilité d'une récession dans la zone euro à 40% en 2012, lors d'une conférence téléphonique samedi.

Avec Thierry Lévèque et Chine Labbé, édité par Patrick Vignal

par Jean-Baptiste Vey