par Ali Kucukgocmen

VAN, Turquie, 22 août (Reuters) - Les Afghans qui parviennent à effectuer le périple, long de plusieurs semaines, pour rejoindre à pieds la Turquie via l'Iran font désormais face à un mur haut de trois mètres et des fils barbelés, alors que les autorités turques ont renforcé les mesures destinées à éviter un afflux de migrants dans le pays.

Ankara a entrepris le renforcement de sa frontière alors que les insurgés taliban accentuaient leur offensive à travers l'Afghanistan, où ils ont pris le contrôle dimanche dernier de la capitale Kaboul.

La Turquie, qui a accueilli plus de quatre millions de réfugiés venus de Syrie à la suite de la précédente crise migratoire et fait office d'étape pour de nombreux migrants désireux de rejoindre l'Europe, prévoit de poursuivre d'ici la fin de l'année l'installation d'un mur frontalier débutée en 2017.

Des patrouilles de sécurité et d'autres mesures sont en place le long des 560 kilomètres de la frontière.

"Nous voulons montrer au monde entier que nos frontières sont infranchissables", a déclaré à Reuters le gouverneur de la province de Van, dans l'est du pays. "Notre plus grand espoir est qu'il n'y ait pas de vague de migrants venus d'Afghanistan", a ajouté Mehmet Emin Bilmez au cours du week-end.

Selon les autorités, quelque 182.000 migrants afghans se trouvent légalement en Turquie, et quelque 120.000 autres seraient entrés illégalement dans le pays, d'après des estimations.

Le président Recep Tayyip Erdogan a exhorté les pays européens à assumer leurs responsabilités face à d'éventuels afflux de migrants, déclarant que son pays ne deviendrait pas l'"entrepôt de migrants de l'Europe".

Comme la Turquie, la Grèce a renforcé sa frontière en érigeant 40 kilomètres de barrière et un système de surveillance pour stopper les migrants qui parviendraient à échapper au contrôle des autorités turques pour entrer dans l'Union européenne. (Reportage Ali Kucukgocmen; version française Jean Terzian)