* La Russie met son veto pour la 8e fois à un texte sur la Syrie

* La Chine s'est abstenue

* La France déplore le blocage du texte (Actualisé avec commentaires des Etats-Unis, prédisions)

NATIONS UNIES, 13 avril (Reuters) - La Russie a bloqué mercredi une résolution présentée au Conseil de sécurité de l'Onu, qui condamnait l'attaque chimique du 4 avril dernier en Syrie et poussait le président syrien Bachar al Assad à coopérer à l'enquête internationale sur cette affaire.

C'est la huitième fois depuis le début de la guerre en Syrie en mars 2011, que Moscou oppose son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité pour protéger le gouvernement de Bachar al Assad.

La Chine, qui a opposé son veto à six résolutions sur la Syrie depuis le début du conflit, s'est abstenue, comme l'Ethiopie et le Kazakhstan.

Un responsable de l'administration Trump a expliqué que la relation positive développée entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping la semaine dernière lors de leur rencontre en Floride avait contribué à l'abstention de la Chine.

Ce responsable, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, n'a pas voulu dire si Trump avait personnellement demandé à Xi de faire en sorte que la Chine n'oppose pas son veto.

Le projet de résolution, présenté par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, dénonçait l'attaque du 4 avril, qui a fait 87 morts, dont de nombreux enfants, dans le village de Khan Cheikhoune situé dans la province d'Idlib, et demandait au gouvernement syrien de donner aux enquêteurs accès au site et à un certain nombre d'informations telles que les plans de vol.

Trois jours après cette attaque, les Etats-Unis, qui considèrent le gouvernement syrien comme responsable, ont bombardé une base aérienne au nord de Damas. Le gouvernement syrien a démenti être responsable de cette attaque.

La France a déploré le veto russe.

"La Russie prend une lourde responsabilité en s'opposant systématiquement, pour protéger son allié Assad, à un traitement multilatéral du dossier syrien", indique un communiqué de l'Elysée.

"Seul le rassemblement de la communauté internationale en faveur d'une transition politique en Syrie permettra à ce pays martyr de retrouver la paix, la stabilité et la souveraineté. La France continuera à se mobiliser en ce sens."

ETABLIR LES FAITS

L'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Nikki Haley, a appelé Moscou à cesser de protéger Bachar al Assad et indiqué que les Etats-Unis voulaient travailler avec la Russie à une solution politique en Syrie.

"La Russie une fois encore a choisi de se tenir du côté de la Russie, même si le reste du monde, y compris le monde arabe, est uni massivement pour condamner ce crime odieux", a déclaré Nikki Haley aux 15 membres du Conseil de sécurité.

"Si le régime est innocent, comme la Russie l'affirme, l'information requise dans cette résolution l'aurait disculpé", a-t-elle ajouté.

L'ambassadeur adjoint de la Russie auprès des Nations unies, Vladimir Safronkov, a fait valoir que le projet de résolution désignait les coupables avant que l'enquête soit menée.

"Je suis stupéfait par cette conclusion. Personne ne s'est encore rendu sur le lieu du crime. Comment savez-vous cela?", a-t-il déclaré en ajoutant que l'attaque américaine sur la base aérienne syrienne de Chayrat, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, avait été "menée en violation des normes internationales".

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a été chargée d'établir les faits. Si elle conclut que des armes chimiques ont été utilisées, une mission conjointe Onu-OIAC examinera l'affaire pour déterminer qui en est responsable.

Cette équipe a déjà découvert que les forces du gouvernement syrien étaient responsables de trois attaques au chlore en 2014 et 2015 et que l'Etat islamique avait pour sa part utilisé du gaz moutarde.

L'ambassadeur du Royaume-Uni auprès des Nations unies, Matthew Rycroft, a déclaré au Conseil de sécurité que des échantillons prélevés sur le site de l'attaque chimique avaient été analysés par des scientifiques britanniques et qu'ils avaient réagi positivement au test du gaz sarin.

Outre la Russie, la Bolivie a voté contre le projet de résolution. Dix pays ont voté pour.

Selon des diplomates, la Russie a présenté une résolution concurrente qui exprime sa préoccupation à propos de l'attaque chimique du 4 avril et condamne la frappe américaine qui a suivi. On ne sait pas si Moscou prévoyait de présenter le texte au vote. (Avec Steve Holland et Rodrigo Campos; Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français)