KIEV, 9 mars (Reuters) - L'ancien oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski a harangué dimanche la foule massée place de l'Indépendance, berceau du soulèvement à Kiev, et a accusé la Russie de complicité dans les violences policières qui ont visé les manifestants ukrainiens avant la destitution du président Viktor Ianoukovitch.

Aux cris de "Russie, soulève-toi!", Mikhaïl Khodorkovski, libéré à la fin de l'année dernière après avoir passé une dizaine d'années dans les prisons et camps russes, a déclaré aux milliers de personnes l'écoutant que le Kremlin mentait au peuple russe en faisant passer les manifestants de Kiev pour des "néofascistes" enclins à la violence.

"On m'a montré ce que les autorités avaient fait ici même. Elles l'ont fait en accord avec les autorités russes - et cela s'est soldé par plus de 100 morts, plus de 5.000 blessés", a-t-il dit à la foule, qui agitait des drapeaux ukrainiens.

"La propagande russe ment, comme toujours. Il n'y a ici ni fascistes ni nazis, pas plus que dans les rues de Moscou ou de Saint-Pétersbourg", a-t-il continué. "Il y a des gens merveilleux qui se sont dressés pour leur liberté!"

"Je tiens à ce que vous sachiez qu'il existe une autre Russie!", a-t-il également déclaré à la foule, qui a répondu par des acclamations.

L'ex-oligarque est arrivé à Kiev après s'être proposé comme médiateur dans la crise en Crimée, déclarant craindre que l'Ukraine ne soit au bord de la guerre civile. Il doit prononcer une conférence lundi à Kiev.

Les forces russes ont sans coup férir pris de fait le contrôle de la péninsule ukrainienne de Crimée. Les députés, majoritairement pro-russes, de cette région autonome se sont prononcés en faveur du rattachement de la péninsule à la Russie, décision qui doit être soumise à référendum le 16 mars. (Timothy Heritage; Eric Faye pour le service français)