Moscou (awp/afp) - La Russie va créer une structure spéciale destinée à débarrasser les banques en difficultés de plus de 15 milliards d'euros de créances douteuses, a annoncé lundi la banque centrale qui ne cesse de muscler ses efforts pour assainir un fragile système financier.
Cette "bad bank" sera basée sur une branche de Otkrytié, une grosse banque sauvée de la faillite par la banque centrale au mois d'août, et fonctionnera comme un fonds, a précisé lundi le vice-président de la Banque de Russie Vassili Pozdychev, cité par les agences russes.
Elle doit absorber non seulement les créances douteuses d'Otkrytié mais aussi celles d'autres banques secourues par la banque centrale, pour un total de 1.100 milliards de roubles (15,5 milliards d'euros au taux actuel). Un prêt de ce montant sera alloué au nouvel établissement par la banque centrale à un taux préférentiel de 0,5%, a précisé M. Pozdychev.
La Banque de Russie n'a pas hésité ces dernières années à fermer plusieurs centaines d'établissements, dans l'objectif affiché d'assainir un système bancaire pléthorique et peu transparent, encore fragilisé par la crise monétaire de fin 2014, causée par le plongeon des cours du pétrole et les sanctions occidentales liées à l'Ukraine.
La récession qui a suivi en 2015 et 2016 a empêché de nombreux emprunteurs de rembourser les crédits accordés généreusement lors des années de croissance économique.
Dans ce contexte, certaines banques privées se sont montrées gourmandes dans leurs acquisitions, reprenant des concurrents eux-mêmes en difficultés qui ont ensuite plombé leurs bilans.
En 2017, la banque centrale a secouru trois banques privées majeures en quelques mois - Otkrytié en août, Binbank en septembre et Promsviazbank en décembre - grâce à un nouveau mécanisme de renflouement, accentuant par ces nationalisations de facto la domination de l'Etat dans un secteur dominé par des mastodontes publics.
Début mars, l'agence de notation Fitch avait salué l'action de la banque centrale dans un rapport: "Le système bancaire russe reste stable malgré les échecs récents de plusieurs grandes banques privées, une intervention rapide de la Banque centrale de Russie ayant empêché les pertes (pour les créditeurs) et limité la contagion".
Mi-mars, la Commission européenne a présenté un plan pour réduire les créances douteuses des banques, héritage de la crise financière, qui plombent encore certains établissements européens, en particulier italiens.
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