* Castaner et Griveaux critiquent Hidalgo

* Un sondage donne l'avantage à LaRem

* L'entourage de la maire de Paris prêt au combat

PARIS, 27 mars (Reuters) - A deux ans des élections municipales de 2020, une éternité en politique, un sondage a suffi pour relancer les appétits sur la conquête de l'Hôtel de ville de Paris, objet de convoitises désormais clairement affichées par La République en marche.

Pour le parti au pouvoir, aucun doute : l'enquête Ifop-Fiducial pour le Journal du dimanche donnant le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux (32%), devant la maire socialiste sortante, Anne Hidalgo, (29%) prouve le besoin d'"alternance", de projet tout au moins, dans la capitale.

Mardi sur France Inter , le délégué général de La République en marche (LaRem), a ainsi réitéré son analyse faite deux jours plus tôt sur Europe 1, qui avait déjà sonné comme le coup d'envoi de la bataille de Paris.

"Moi, ce que je sens c’est ce besoin d’alternance à Paris, mais l’alternance n’est pas une question de personnes, pas seulement, c’est une question politique, c’est une question de projet", a déclaré Christophe Castaner.

Deux jours après avoir considéré que la maire de Paris était "décrochée", le ministre des Relations avec le Parlement a invité Anne Hidalgo à se rapprocher de LaRem, à condition toutefois de "s’engager elle-même sur cette transformation en profondeur" et d'adopter "une position claire vis-à-vis du président de la République".

S'il n'a jamais clairement annoncé sa candidature, Benjamin Griveaux a posé des jalons en critiquant la "méthode" Hidalgo, notamment sa décision de fermer les voies sur berges sans consulter les départements limitrophes.

AVAL DE MACRON ?

L'entourage de la maire fait pour sa part une lecture différente de l'enquête Ifop-Fiducial réalisée auprès de plus de 1.100 Parisiens, y voyant même une "adhésion" à l'édile.

"Le sondage montre que l'offre politique a radicalement changé. LaRem (32%) empiète considérablement sur la droite (21%, -14 pts) et partiellement sur la majorité municipale (29%, -5 pts)", juge-t-on, invitant à faire "la part des choses entre les commentaires et la réalité de l'action politique."

"Si le porte-parole du gouvernement émet des réserves sur la politique de la maire de Paris, d'autres ministres sont très contents de travailler avec elle", assure-t-on.

"Il y a une adhésion à la maire de Paris. Si LaRem propose des candidats, ils devront faire des choix sur des sujets comme la voiture, le logement social, la piétonnisation des voies sur berges."

Dans Libération début mars, à mi-mandat, Anne Hidalgo avait pris les devants en se présentant en "femme de gauche, social-démocrate, écolo et européenne (...) pas connue pour être quelqu'un qui s'enferme dans une écurie".

Des bisbilles regardées avec circonspection par un député parisien du parti LR croisé mardi à l'Assemblée nationale.

"Ce sondage a été fait par Griveaux pour justifier qu'il soit candidat !", pense l'élu, qui ne croit "pas une seconde" que le chef de l'Etat ait pu donner son feu vert à Benjamin Griveaux pour avancer ses pions.

"Personne n'a l'aval de personne, surtout pas de Macron qui ne donne pas son aval comme ça !"

La députée socialiste Ericka Bareights a apporté quant à elle son soutien à la maire, notamment ciblée sur sa politique en matière de transports et de propreté.

"C'est une bonne maire, courageuse, qui affronte des enjeux de développement durables essentiels dans une ville-monde comme Paris", a dit l'ancienne ministre à Reuters.

Dans les milieux politiques parisiens, l'idée d'une candidature de l'ancienne ministre socialiste Ségolène Royal a même surgi, alors que les noms de la maire LR du Ve arrondissement Florence Berthout et de l'ex-ministre Rachida Dati sont avancés à droite.

"Ce n'est pas une idée à elle, mais une idée de plein de gens", précise un membre de l'entourage de Ségolène Royal. "Elle en est loin et n'est surtout pas dans une rivalité avec Anne Hidalgo. C'est de l'instrumentalisation." (Elizabeth Pineau avec Arthur Connan, édité par Yves Clarisse)