par John Walcott et Steve Holland

WASHINGTON, 4 septembre (Reuters) - La réponse de Donald Trump au sixième essai nucléaire de la Corée du Nord a été plus ordonnée et cohérente que lors des précédentes étapes du bras de fer qui oppose Pyongyang au président américain, se félicitent des responsables à Washington.

Cette réaction s'est rapprochée d'une gestion de crise plus traditionnelle, ce qui s'explique selon eux par l'influence du nouveau secrétaire général de la Maison blanche, le général des Marines à la retraite John Kelly, et par celle du chef du Pentagone Jim Mattis.

La réunion de sécurité convoquée par Donald Trump dimanche dans la foulée de l'essai nord-coréen, le plus puissant à ce jour, s'est ainsi limitée aux principaux conseillers et généraux directement concernés.

Auparavant, lors de discussions similaires, explique-t-on au sein de l'administration, des personnes parfois étrangères aux dossiers allaient et venaient à leur gré.

"Ce n'est pas un hasard si c'est Mattis qui s'est exprimé devant les médias après la réunion", dit une source autorisée.

Le secrétaire à la Défense, qui a prévenu que les Etats-Unis étaient capables d'une "réaction militaire massive" face aux menaces de Pyongyang, a une relation plus étroite avec Donald Trump que John Kelly, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson ou le conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster.

Le président américain a été informé à de multiples reprises sur la Corée du Nord depuis sa prise de fonction en janvier mais il conteste l'idée selon laquelle une action militaire ne doit constituer qu'un ultime recours en raison de ses conséquences.

Dimanche, Donald Trump a toutefois fait preuve de retenue dans ses réactions, lui qui avait enflammé la situation le mois dernier en promettant à la Corée du Nord "un feu et une fureur que le monde n'a encore jamais vus".

"Nous allons voir", s'est-il cette fois borné à déclarer en réponse à une question sur l'opportunité d'attaquer Pyongyang.

Seule entorse au langage diplomatique, le président a estimé dans un tweet que la Corée du Sud découvrait que les mots d'apaisement envers Pyongyang ne fonctionnaient pas.

"Ce n'était pas très utile de tacler gratuitement un allié majeur au moment même où la menace (nord-coréenne) a franchi un nouveau cap", a commenté un responsable du département d'Etat.

La crise nord-coréenne est également un test pour John Kelly, nommé fin juillet avec l'objectif de remettre de l'ordre dans une administration menacée par les querelles internes.

Le président s'agace parfois des restrictions que le nouveau secrétaire général de la Maison blanche a imposées sur le flot d'informations qui entre et sort du Bureau ovale, rapportent des sources au fait de la situation.

"On ne dirige pas comme ça Donald Trump", déclare un conseiller de Trump extérieur à la Maison blanche, qui prédit que le président finira par se lasser. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)