* Le PIB recule de 6,2% sur un an

* Les objectifs budgétaires menacés

* Nouvelles mesures de rigueur attendues (Avec nouveaux détails, prévisions, contexte)

par George Georgiopoulos

ATHÈNES, 13 août (Reuters) - Le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce s'est contracté de 6,2% sur un an au deuxième trimestre sous l'effet de la poursuite de la politique d'austérité, compliquant la tâche du gouvernement grec qui cherche à convaincre ses partenaires et créanciers internationaux de poursuivre leur aide.

Cette contraction du PIB, calculée sur la base d'estimations préliminaires non corrigées des variations saisonnières, a été un peu moins forte qu'au premier trimestre, où elle avait atteint 6,5%, montrent les chiffres publiés lundi par l'office national de la statistique Elstat.

La Grèce, qui connaît sa cinquième année de récession consécutive, a vu exploser son taux de chômage, près d'un Grec sur quatre étant désormais privé d'emploi, et la situation ne devrait pas s'améliorer à court terme.

"On s'attend à une contraction du PIB de 7,1% en 2012 et de 2,4% en 2013, conséquence d'une nouvelle baisse significative du pouvoir d'achat, de la hausse du chômage et d'une chute des investissements", souligne Theodore Stamatiou, économiste chez Eurobank.

Ces prévisions rejoignent celles du centre de réflexion IOBE, qui s'attend à une récession de 6,9% cette année, et du Premier ministre Antonis Samaras, qui a prévenu fin juillet que le recul de l'activité économique pourrait dépasser 7%. (Voir )

Plus optimistes, la Banque de Grèce et l'OCDE prévoyaient jusqu'alors une contraction comprise entre 5,0 et 5,3%.

La gravité de la récession complique la tâche du gouvernement grec, alors que le chômage a atteint un niveau record de 23,1%, un taux qui atteint 55% chez les 15-24 ans.

SUPPRESSIONS D'EMPLOIS PUBLICS

Pour réaliser des économies de 11,5 milliards exigées par la "troïka" des créanciers internationaux - Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international -, Athènes prévoit de relancer un programme qui pourrait conduire à la suppression de 40.000 postes dans la fonction publique.

Sans ces nouvelles économies, le déficit primaire devrait encore s'élever à 1% du PIB en 2014, loin de l'excédent de 4,5% qu'Athènes voudrait dégager pour stabiliser sa dette.

Elstat n'a pas fourni de chiffres détaillés sur les différentes composantes de l'activité économique au deuxième trimestre - consommation, investissements, exportations et importations -, ni précisé l'évolution du PIB d'un trimestre sur l'autre. Mais l'ampleur de la contraction au premier semestre était attendue.

"Ce n'est pas une surprise, on savait que l'économie grecque continuait à souffrir mais on peut peut-être y voir un signe que le rythme du recul commence à se tasser", commente Chris Williamson, économiste chez Markit. "Le premier semestre a été aussi mauvais que prévu, mais on peut espérer voir un début d'amélioration maintenant."

Le moment est critique pour la Grèce, les inspecteurs de la "troïka" devant rendre en septembre leur avis sur le déblocage d'une nouvelle tranche du plan de sauvetage de 130 milliards d'euros consenti à Athènes.

Or le gouvernement grec a pris du retard par rapport à ses objectifs de réduction d'effectifs dans le secteur public, de baisse du montant des retraites ou de revenus tirés des privatisations.

Costas Mitropoulos, chargé du programme de privatisations, a d'ailleurs annoncé fin juillet sa démission en dénonçant les blocages provoqués selon lui par le gouvernement de coalition. (Tangi Salaün pour le service français, édité par Natalie Huet)