par George Georgiopoulos et Jeremy Gaunt

A Athènes, le gouvernement grec a défendu devant le parlement son plan d'austérité, seule bouée de sauvetage possible, à ses yeux, pour les finances publiques malgré les critiques de l'opposition et les violentes manifestations de mercredi. Il devait être approuvé dans la soirée.

Face aux signes d'une contagion des difficultés d'Athènes à d'autres pays endettés de la zone euro, les marchés ont à nouveau connu une journée mouvementée.

Les valeurs européennes ont fini une nouvelle fois dans le rouge et l'indice vedette parisien a fini sous les 3.600 points à 3.556,11 points, son plus bas niveau de clôture depuis le 3 septembre 2009.

Lisbonne, Madrid et Milan ont chuté respectivement de 2,37%, 2,93% et 4,27%.

"Il n'y a aucun répit concernant les craintes d'une aggravation de la crise de la dette dans la zone euro et par conséquent, les Bourses sur l'ensemble du globe restent sous pression", explique Ben Potter, analyste à IG Markets.

L'indice japonais Nikkei a abandonné 3,27% et Wall Street évoluait en nette baisse à la mi-journée.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a déçu les investisseurs en indiquant que la BCE n'avait pas discuté de la possibilité d'un rachat d'obligations lors de sa dernière réunion.

L'EURO AU PLUS BAS DEPUIS 14 MOIS

Les opérateurs de marché espéraient l'annonce d'un geste supplémentaire en faveur de la Grèce et le rachat d'emprunts d'Etat est considéré par les analystes comme l'arme la plus efficace qui reste à la disposition de la banque centrale.

"La Grèce, évidemment (...) ne fera pas défaut", a assuré Jean-Claude Trichet après l'annonce de la décision de la BCE de maintenir le statu quo sur les taux.

L'euro a chuté sous 1,27 dollar pendant sa conférence de presse, son niveau le plus faible depuis 14 mois.

"Les marchés veulent quelque chose de plus précis. Ils veulent que l'argent arrive en Grèce et quelque chose comme des rachats d'emprunts d'Etat", explique Thomas Meissner de DZ Bank.

Face à l'agitation persistante sur les marchés, le président du Conseil européen Herman van Rompuy est intervenu à son tour en insistant sur la différence entre la situation de l'Espagne et du Portugal et celle de la Grèce.

"Ce que je vois en ce moment, ce sont des mouvements totalement irrationnels sur les marchés déclenchés par des rumeurs sans fondement", a déclaré le dirigeant européen qui présidera vendredi un sommet exceptionnel des dirigeants de la zone euro.

Le Fonds monétaire international a réaffirmé de son côté que le plan d'aide sans précédent de 110 milliards d'euros prévus pour la Grèce serait suffisant.

Malgré ces déclarations rassurantes, la prime que les investisseurs demandent pour détenir des emprunts d'Etat portugais ou espagnols plutôt que des Bunds allemands a atteint un niveau sans précédent depuis la création de l'euro.

Le coût de la protection contre un risque de défaut du Portugal et de l'Espagne s'est également accentué pour atteindre des niveaux records.

PARIS ET BERLIN VEULENT ENRAYER LA SPÉCULATION

Dans une lettre commune diffusée jeudi, Paris et Berlin plaident pour une meilleure gouvernance économique de la monnaie unique et s'accordent sur une stratégie pour enrayer la spéculation sur l'euro.

Ils invitent notamment les dirigeants de la zone euro à réfléchir sur le rôle des agences de notation dans la propagation des crises.

A Athènes, le gouvernement a promis qu'il ne reculerait pas sur son plan d'austérité en dépit des violentes manifestations qui se sont soldées par la mort de trois personnes mercredi dans l'incendie d'une agence bancaire.

Au terme d'un scrutin provisoire et non contraignant, le texte a reçu un premier feu vert d'une majorité de parlementaires. Il devait encore être approuvé à l'issue d'un second vote prévu dans la soirée.

Gwénaelle Barzic pour le service français